Du 12 au 16 février et jusqu’au 8 mars
La bataille de la cote 781
2 sous groupements :
- Légionnaires du 3/3e REI et tirailleurs algériens du 3/3e RTA + chars en soutien peloton VERT en provenance d’ISABELLE, objectif côte 754.
- 1er BEP et 8e Choc, peloton BLEU dont c’est la première intervention.
Agir sur la droite pour prendre pied sur la cote 923/727 dans le but de déborder les résistances de la côte 754.
Une Cie du V/7e RTA est mise à disposition du 3/13e DBLE qui monte une opération du niveau bataillon contre la côte 674 (période d’opérations sur divers pitons à la recherche d’un canon de 75 qui seul s’est révélé. Il change de position tous les jours.)
Composition : 2 Cies du 3/13e DBLE, 1 Cie du V/7e RTA (Lieutenant BOTELLA).
2 Cies marchent en tête, une en réserve. La progression à travers les bois et broussailles est très difficile. La pente est raide, très raide. Avec les précautions d’usage, la Cie du V/7e RTA arrive au plus près de la côte 674, pratiquement à distance d’assaut. Le Viet n’est plus loin. On voit déjà la crète qui se trouve très près a vol d’oiseau. Sur la droite de la Cie du V/7e RTA la Cie du 3/13e DBLE est accrochée, le feu est nourri, cela semble sérieux. Le V/7e RTA est prêt à s’élancer afin de soulager le commandant de la Cie de Légion lorsque la Légion demande un tir aux artilleurs. Après vérification, celui-ci doit tomber sur la position du V/7e RTA.
Appel d’urgence à l’artillerie pour faire stopper le tir mais une première salve partie. 4 obus encadrent la Cie causant de grosses pertes. (3 morts 16 blessés)
La Cie est secouée par le tir brutal, s’est jetée dans la pente et a connu un moment de panique vite rattrapé. Les hommes creusent des trous, les blessés sont évacués avec les morts.
07 h 00
Le sous-groupement 1 se met en place.
07 h 30
Reprise des opérations mouvement du 3/3 REI et des chars, du 1er BEP et du PC GAP 2.
Intervention des B-26.
Le 8e BPC démarre.
08 h 00
Départ du 1er BEP et du PC groupement.
09 h 00
Le 8e BPC atteint la zone de rizières (objectif n° 01) et commence d’en déboucher. L’épaisseur du brouillard bloque tout mouvement.
10 h 00
8e BPC : reprise du mouvement.
La 2e Cie du 5/7e RTA au contact sur la pente Ouest de 674.
Le 1er BEP et l’EM GAP 2 rejoignent le 8e BPC sur 01.
11 h 20
Le 8e BPC se heurte à une petite résistance VM à 400 m de l’objectif initial 01. Cette résistance se replie sur la route à 400 m au Nord du point III qui est traité par l’artillerie.
Le 8e BPC incurve son mouvement vers le Sud et progresse en direction de la côte 637 ; progression lente et difficile.
La section du lieutenant BERTRAND en tête, nous atteignons 20 minutes plus tard, sans encombre, le petit col qui surplombe d’une soixantaine de mètres le piton boisé de 781 — rudement escarpé le frère, surtout de face ! — un peu plus accessible par la droite, mais très inquiétant, comme le silence oppressant, palpable, qui nous entoure… Par la droite, encore que nous soyons un jour impairs, la Section du lieutenant BERTRAND, flanquée de celle du chef STERLAY, collant au plus près des éclatements, commence à grimper le raidillon, ils vont attaquer à mi-pente.
Pierre SCHOENDOERFFER, flanqué de PERRAUD, filme le déroulement de la progression. D’un seul coup tout s’embrase : obus, rafales, grenades… Des Légionnaires tombent. Les autres, par bonds, de rocher en rocher, d’arbre en arbre, s’infiltrent, empoignant le Viet au corps à corps ; des blockhaus invisibles à 15 mètres se dévoilent brutalement
Le sous-lieutenant BOISBOUVIER déborde par la gauche sur ordre ; lui aussi, balayé à mi-pente, blessé, ensanglanté, entraîne irrésistiblement ses légionnaires. À droite, à gauche, c’est bloqué. Il ne reste plus qu’à aborder de face J’y vais avec le commandement ; c’est pire qu’au Garigliano !
« Tout près de moi, MARTIN, blessé au bras, continue de s’expliquer à la mitraillette avec un de ses vis-à-vis et l’abat. Une brûlure fulgurante à la jambe droite, je fais deux ou trois pas en marchant sur mon tibia et m’écroule ; ma jambe est cisaillée entre la cheville et le genou. À quelques mètres au-dessus, BERTRAND, STERLEY et BOISBOUVIER vont peut-être coiffer le sommet maintenant tout proche. Je passe par radio le commandement à BERTRAND, MARTIN m’envoie bouler au pied du piton où mon ordonnance et deux de ses camarades tentent de me traîner à l’abri. Une autre grenade, nous serons à nouveau touchés, tous les trois. À vingt mètres, SCHOENDOERFFER, miraculeusement indemne, filme toujours. BERES, légèrement atteint n’a presque plus de munitions. Dans un brouillard, j’entends BERTRAND qui me confirme qu’ils ont coiffé le piton, mais n’ont pu s’y maintenir faute d’effectifs. »
Au milieu de la matinée
Des B-26 viennent en appui des bataillons.
14 h 00
Le 8e Choc atteint 637 puis continue sur 727.
Le 1er BEP occupe 637.
En l’absence de piste la progression se poursuit au coupe-coupe. Un homme de troupe européen et un homme de troupe autochtone, blessés légèrement le matin, sont évacués par hélicoptère.
17 h 00
Le 8e BPC atteint la côte 727 qui ne révèle aucun ouvrage important.
Le 1er BEP est placé en recueil sur 637, le décrochage se passe sans problème.
Pour l’autre sous-groupement, les tirailleurs ont 15 tués et blessés.
Le 3e REI a détruit au lance flamme et à l’explosif une série de casemates mais pertes de quelques hommes et gradés.
18 h 15
Le 8e BPC amorce son repli.
Pertes ennemies : 10 tués dénombrés.
19 h 00
Le repli s’effectue dans l’ordre : 8e BPC – 1er BEP – 3/3e RTA.
21 h 30
À la nuit, retour sur les positions pour le 8e BPC, et le 1er BEP.
Les Criquet volent 8 h 30.
12 février (suite)
Des obus tombent sur le terrain d’aviation : un Dakota civile est éventré.
Premiers combats des chars aux abords de 754 et 781.
Situation du BT2 : TEG Français 17/70, réalisé 14/70 dont 3 officiers hospitalisés et 5 sous-officiers malades ou inaptes soit un réel de 11/65 avec un fort déficit en capitaines et adjudants-chefs. Autochtones TEG 1/48 réalisé 1/34 dont 7 blessés et inaptes soit un réel de 1/27.
Officiers déficit pratique de 30%. Sous-officiers déficit pratique de 22%
Cet état est à l’image de toutes les unités présentes à Diên Biên Phu.