Nuit du 14 au 15 mars
18 h 20
Coucher de soleil.
18 h 40
Préparation d’artillerie commence sur GABRIELLE, le PC GONO et la zone d’artillerie.
19 h 00
Déclenchement de notre CPO, GABRIELLE signale tirs ennemis intenses, mise en place en cours.
L’attaque sur GABRIELLE débouche.
19 h 30
Le dernier criquet prend feu.
19 h 45
À la tombée de la nuit, le pilonnage s’intensifie, aux canons et mortiers lourds s’ajoutent des mortiers légers et des mitrailleuses lourdes, bientôt rejoints par des pièces de DCA.
20 h 00
Ses pièces de mortier enterrés, le 5e BPVN commence à prendre part à la bataille de GABRIELLE.
Au PC du GONO, le lieutenant MOISSINAC dîne lorsqu’un obus court retard frappe l’abri dans lequel il se trouve. Il se retrouve enterré. Un infirmier bande sa tête et sa main puis son pied dont le gros orteil est fracturé.
GABRIELLE : Les abris d’armes lourdes des défenses Nord et Nord -Est de la 4ème Cie s’effondrent.
Les 1re et 4e compagnie du 5/7 RTA signalent les vagues d’assaut viets en visuel, le pilonnage détruit un par un les blockhaus de la 4e compagnie et son PC.
Premier assaut : GIAP lance sa division d’élite, la 308, à l’assaut de GABRIELLE, rebaptisée par les Viets « Doc Lap », (indépendance). Les Bo doïs progressent vite, certains que les tirailleurs ont été écrasés par le matraquage de l’artillerie.
Les tirailleurs sont à leurs poste, un Dakota « luciole » éclaire le terrain, au dernier moment les tirailleurs ouvrent le feu, causant de larges brèches dans les rangs viets. L’artillerie du GONO se met de la partie, écrasant et décimant un peu plus les rangs de la 308.
20 h 30
L’attaque se poursuit : Plus de liaison avec le DLO avec GABRIELLE – Message de GABRIELLE signale pertes très lourdes de part et d’autre. Très forte contre batterie VM.
21 h 00
Éliane 4 : Repérés par l’artillerie le 5ème BPVN a 3 pièces de mortier détruites par coup au but.
GABRIELLE : au milieu de explosions les Viets s’infiltrent dans les positions et sont abattus par les tirailleurs. Toute notre artillerie tire.
L’artillerie viet se concentre sur nos positions d’artillerie, laissant le champ libre à l’infanterie.
2 pièces de 81 mm du bataillon sont détruites ; les derniers 120 mm du 5e REI continuent le tir.
22 h 00
GABRIELLE : l’abri PC de la 4e Cie est détruit. Une première infiltration VM est signalée dans nos défenses (secteur du sergent-chef HILDE).
L’attaque est repoussée une première fois.
Au PC du commandant DE MECQUENEM, les rapports arrivent : le nord de sa position est en difficulté, le commandant dépêche alors des groupes d’assaut équipés de lance flammes pour dégager ses unités. La manœuvre réussit et les Viets commencent à reculer. Aux ordres de l’adjudant LOBUT. Les deux sections de réserve (1 section Thaï + un groupe de la 2e Cie) sont engagées commandées par deux sous-officiers. Ces deux sections se distinguent par leur ardeur au combat. Elles parviennent à la 4e Cie et rétablissent l’intégrité de la défense dans des conditions médiocres.
DE MECQUENEM rend compte : position intacte. Il remet de l’ordre dans les unités. Le réseau transmission fonctionne normalement entre les unités et e PC ainsi que vers les autorités supérieures.
Repli de la 1re vague d’assaut VM sur sa base d’assaut.
23 h 30
Attaque VM stoppée, le calme revient.
Minuit
GABRIELLE : Les Viets parvenus à 10 m des tranchées de la 4 se replient suivis par nos tirs de 105. Dernières réserves engagées. Les tirs de 105 et de 155 français sont dévastateurs. Les tirs d’artillerie amie sont répartis entre des tirs CPO au nord et à l’est, des tirs de contre préparation sur les bases de départ et les bases de feux, et des tirs d’arrêts dans les proportions suivantes : ¼ CPO – ¼ contre préparation – ½ tirs d’arrêts.
2 C-47 tentent un aller-retour de nuit pour récupérer des blessés mais ne peuvent se poser à cause des bombardements et de la DCA.
Il est tiré plus de 6 000 obus sur les défenses de GABRIELLE.
1 obus de 105 éclate dans une sape du centre médico-chirurgical : 9 morts. Un autre obus touche la salle radio.
01 h 35
La Gonio indicatif CASTOR GONIO dépannée par le CTA 814 est de nouveau fonctionnelle et reprend ses guidages pour les avions.
02 h 30
Interruption de tir des Viets sur GABRIELLE.
On profite de l’accalmie pour ravitailler, pour manger, pour renforcer, réarmer.
Situation : Pertes légères aux 1re, 2e, 3e Cies. Pertes assez lourdes à la 4e Cie.
L’unique élément de réserve a été engagé. L’éclairage du Luciole est permanent et très efficace.
Le chef de bataillon prévient les unités que des assauts très violents sont à prévoir en fin de nuit. Le ravitaillement en munitions pour toutes les unités s’effectue dans des conditions normales.
Le chef de bataillon demande à l’artillerie par l’intermédiaire du DLO l’entretien des CPO nord et est et fait effectuer un matraquage des organisations VM en 953-703.
2 autre mortiers de 120 sont détruits par des canons sans recul.
Les Viets reculent et les tirs d’artillerie cessent, GIAP a ordonné à la 308 de se replier devant les pertes subies.
Le commandant DE MECQUENEM sait qu’il ne s’agit là que d’un sursis, il fait le bilan de sa position, ses 2e et 3e compagnies n’ont que des pertes légères, au nord en revanche la 1re et la 4e compagnie enregistrent des pertes assez lourdes, il n’y a plus de réserves et 2 mortiers de 81 sont détruits.
Le commandant du V/7 RTA demande des tirs de contre préparation. Ceux-ci sont très efficace sur l’arrivée des renforts qu’ils retardent.
Giap est également décidé, il remplace la 308 par la 312, 10 000 nouveaux bo-doïs se préparent à monter à l’attaque.
Le 5e BPVN malgré l’épuisement du parachutage et les pertes est envoyé en contre-attaque.
03 h 00 à 04 h 00
8 B-26 bombardent.
03 h 30
Reprise des bombardements sur GABRIELLE avec une violence considérablement accrue.
2 nouvelles batteries de 105 mm se dévoilent au nord-est (RP 41 bis). GIAP a renforcé ses batteries, utilisant des obus à retard. Les 75 mm de montagne interviennent. Les tirs d’artillerie arrivent du Nord de l’est et de l’ouest.
L’attaque reprend violemment sur GABRIELLE – Tentative de pénétration dans ÉLIANE et DOMINIQUE.
CLAUDINE – DOMNIQUE – ISABELLE fortement harcelés.
Les Viets sont dans les barbelés. Reprise de l’attaque après renforcements.
04 h 00
Reprise de l’assaut sur le nord et l’est : les Viets s’infiltrent entre la 1re et la 4e Cie jusqu’à la deuxième ligne de défense. Les dernières pièces de 120 et 81 sont détruites par coups au but. Après la destruction de tous les mortiers, des blockhaus et des tranchées, la défense devient difficile, malgré l’aide de l’artillerie du GONO qui se montre plus efficace que pour BÉATRICE.
Le régiment 165 au sud-est pousse son boyau d’approche au bord des barbelés
Deux axes d’attaque se développent simultanément.
Le régiment 88 s’enfonce lentement dans les défenses entre la 4e Cie et la 1re Cie.
Le régiment 165 ouvre de brèches dans les réseaux barbelés puis attaque les tranchées de la 3e Cie.
La 4e Cie est enfoncée des renforts sont pris sur le Sud pour renforcer.
Les troupes sont à 8 contre 1.
Toutes les troupes sont envoyées pour renforcer même les personnels restant des mortiers Le bombardement ne s’arrêtera que lorsque les BoDoïs déboucherons.
Le capitaine adjudant-major reçoit du chef de bataillon l’ordre de coordonner sur place l’action de la 1re Cie, des personnels des mortiers de 81 mm et de la 4e Cie en vue de rétablir une défense nord-est du PA. Les éléments disponibles de la CB et les Thaïs reçoivent l’ordre d’occuper la seconde ligne de défense du PA.
Tentative de reformer un PA avec la 2e et la 3e Cie.
Le DLO transmet l’ordre de rapprocher aux barbelés le tir d’arrêt nord-est du PA.
Une vague d’assaut Viet a été fauchée par les 105. La tranchée sud-est et les barbelés de la 3e Cie sont couverts de cadavres.
Un obus éclate sur le PC du DLO et détruit la radio
Réveil du 5e BPVN pour intervention sur GABRIELLE malgré bataillon déclaré inapte opérationnel 24 h pour cause de fatigue.
Au moins 6 km lors de la traversée du Pont Bailey perte en hommes par l’artillerie, rencontre avec une Cie du BEP en renfort.
Sur GABRIELLE, le capitaine NARBEY au commande de la 1re Cie est tué, le lieutenant ROUX, adjoint, est blessé. L’officier renseignement, le lieutenant SANSELME, tente des contre offensives avec une section d’intervention.
04 h 30
Le PC de GABRIELLE est touché et effondré, un obus explose dans le PC du bataillon. Le commandant DE MECQUENEM est blessé. Commotionné, il perd connaissance pendant 2 heures. Son adjoint, le commandant KHA a une jambe arrachée (il mourra aux mains du Vietminh le 27 mars). L’officier adjudant (lieutenant SANSELME) et le DLO (lieutenant COLIN) sont mis hors de combat. Les postes radio sont HS. Comme la veille sur BÉATRICE, les défenseurs sont privés de leur chef ainsi que tous ses officiers, le sergent-chef infirmier SOLDATI est tué dans l’explosion de l’infirmerie. Tous les blessés et tous les infirmiers sont tués. Le PC du 5/7e RTA est ravagé, incapable d’assurer la liaison avec le PC GONO, tous les postes radio détruits. Le PC de secours la popote est ravagée également.
C’est le capitaine GENDRE de son PC de la 3e compagnie qui va se charger d’assurer la liaison avec le GONO. Il prend le commandement de la partie sud de GABRIELLE, soit la 2e et 3e Cie et les éléments de la Cie de commandement repliés.
Le lieutenant CLERGÉ, commandant la Cie de mortier de 120 mm du 5e REI, rejoint la 2e Cie blessé et choqué, mais avec son poste radio, remplace le DLO en assurant la liaison radio avec l’artillerie et un sous-officier d’origine espagnole assure les demandes de tirs avec un calme remarquable. Ils s’installent dans le PC de la 2e Cie vers lequel il s’était replié après la mise hors service de ses pièces. Le capitaine SUZINEAU, commandant la CCB qi reçoit une balle dans le bras tirée par un des tirailleurs juste avant d’arriver au poste de commandement de la 2e Cie. Les tirailleurs ont été prévenu du fait que l’ennemi occupait maintenant une partie de la zone nord du PA et qu’il fallait être vigilant.
À l’est le régiment 165 avance très lentement et n’a pas réussi à s’accrocher.
DE CASTRIES décide de contre attaquer à partir du CR ANNE-MARIE, avec aux ordres du lieutenant-colonel DE SEGUIN-PAZZIS.
Le capitaine GENDRE, à la 3e Cie, fait tirer l’artillerie amie sur la corne nord-est du PA. Il est informé par le GONO qu’une contre-attaque avec chars au profit de GABRIELLE va partir à l’aube. Il informe la 2e Cie de la contre-attaque.
2e Cie V/7e RTA : FOX, DECORSE, GRIVEL, BREEL, contiennent l’ennemi et repoussent avec toutes leurs armes les vagues d’assaut qui se font de plus en plus pressantes.
Les légionnaires des mortiers de 120 mm, valides, viennent renforcer la 2e Section qu’ils aiderons jusqu’à la fin.
La contre-attaque ne vient pas, le lieutenant-colonel Langlais refuse de lâcher ses paras du 8e Choc et du 1er BEP. Après de nombreuses hésitations c’est finalement le 5e BPVN arrivé la veille.
Le 5e Bawouan a été matraqué toute la nuit par les mortiers viets, il a subi des pertes sensibles, de plus les paras vietnamiens sont basés sur ÉLIANE 4, il leur faut parcourir un gros bout de chemin avant d’arriver sur les emplacement d’attaque. Ils ne connaissent pas le terrain.
La mort dans l’âme, de peur de dégarnir le réduit central, Langlais accepte d’envoyer 2 compagnies du 1er BEP (capitaine Martin et Domingo).
Le commandant Guiraud, patron du BEP exige de les accompagner.
5e Bawouan (DLO – Lieutenant LAGARDE) : deux compagnies du 1er BEP et deux pelotons de chars. Il semblerait que le but de cette contre-attaque ait été, initialement, de réoccuper Gabrielle et d’y laisser le Bawouan, mais devant le manque de mordant des parachutistes Vietnamiens qui s’arrêtent à mi-chemin, la désorganisation du CR et l’occupation en force des Viets, elle va se transformer en une simple opération de recueil des survivants de la garnison par les deux compagnies du 1er BEP.
Bilan aérien de la nuit :
- 2 B-26 en 500 livres en TJ 948 723.
- 2 B-26 en 500 livres – 5 km Nord Nord-Ouest.
- 1 B-26 en 260 livres en TJ 946 738 – 7 km nord Diên Biên Phu.
- 1 B-26 en 500 livres – 5 km sud-sud-est Diên Biên Phu.
- 1 B-26 en 1000 livres – 6 km nord Diên Biên Phu.
- 1 B-26 en 500 livres – 5 km nord-nord-est Diên Biên Phu.
05 h 00
Le capitaine adjudant-major CARRE, commandant en second du bataillon, s’installe au PC de la 2e Cie.
Jusqu’à 6 h 00 les assauts VM sont repoussés. L’ennemi essaie de grignoter la position, d’autant plus que les réseaux de barbelés commencent à être déchiquetés.
05 h 30
3 chars en tête BAZEILLE, MULHOUSE et DOUAUMONT, peloton BLEU avec les compagnies 3 et 4 du 1er BEP à hauteur de HUGUETTE 3.
Bawouan : Terrain d’aviation longé le long des batteries d’artillerie B5 et B6
Épuisé, pas de repas, pas de sommeil depuis 48 heures.
Lancement de la contre-attaque avec un bataillon et demi.
Suicide du colonel PIROTH, commandant de l’artillerie du GONO qui dans son abri dégoupille une grenade et se la colle sur la poitrine.
Lundi 15 mars
06 h 00
À l’aube les Viets sont sur le tiers nord de GABRIELLE.
La situation s’aggrave sur GABRIELLE : il n’y a plus de mortier de 120 mm ni de 81 mm en état de tirer. La 2e et la 3e Cie résistent avec les légionnaires des mortiers de 120. Les assauts sont de plus en plus violents et les Viets semblent n’éprouver aucune peur de la mort et au fur et à mesure que les uns tombent les autres marchent sur la corps pour avancer. À la demande de la 4e compagnie du V/7 RTA, le capitaine Gendre demande à l’artillerie de PIROTH de tirer sur ses positions pour les dégager.
Le matraquage d’artillerie reprend. La 2e Cie est coincée entre le déluge d’acier qui tombe du ciel et les coups directs tirés à faible distance (de la côte 485) par des 75 SR et dans l’impossibilité de riposter.
Le sergent-chef ABDESLEM sert lui-même son mortier de 60 et tire à mort, hausse 90°, aux moments les plus critiques. Il tirera toute la nuit, Prévoyant, il avait fait un stock considérable d’obus qu’il avait entreposés dans des niches aménagées au fond et sur les côté de la tranchée. Le lieutenant BOTELLA fait tirer au raz des barbelés et aussi un peu plus à l’ouest quand de nouvelles vagues de VM sont signalées.
Les salves font mouche et les Viets stoppent leurs attaque, momentanément.
Les assauts se succèdent sur les faces ouest et sud, sans arriver à entamer sérieusement la position.
Moral : « Il faut absolument tenir jusqu’au jour et l’arrivée des renforts annoncés ». Aucune faiblesse physique et morale chez les chefs de section.
Les VM s’infiltrent par le nord-est en direction du centre du PA.
Le régiment 88 a pratiquement écrasé la 4e Cie.
Le régiment 165 s’insinue dans les positions de la 3e Cie.
Dans le reste de leurs abris, les tirailleurs espèrent la contre-attaque, mais c’est un régiment Viet de réserve le TD 165, qui attaque de nouveau.
2e Cie : Le groupe le plus au nord vient d’être mis pratiquement hors de combat. Le sergent ABDERRAMAN est tué. Le sergent BONIFAY vient de recevoir un éclat de grenade dans le poumon ; le sergent DELBENDE est également atteint par des éclats de grenades.
06 h 18
Lever du soleil et recrudescence des tirs d’artillerie dans la zone de batteries et PC à cadence de 10 coups / minute.
06 h 20
Les chars et les troupes contournent ANNE-MARIE 1 (HUGUETTE 6) se déploient en bataille sur la piste Pavie aux premières lueurs du jour. Glacis de 3 km jusqu’à GABRIELLLE renforcés par le peloton rouge avec l’ETTLINGEN, le SMOLENSK et le POSEN. commandés par le CONTI et le capitaine HERVOUËT.
06 h 30
Passage du radier avec les premières section du BEP, à proximité est d’ANNE-MARIE 1 et 2 pour le DOUAUMONT et le MULHOUSE sous la protection du BAZEILLE.
Les Viets sont en bouchon au nord-ouest Village de Ban Meut – 12.7 et canon sans recul.
Les VM commencent le nettoyage de la région PC, Infirmerie, observatoire.
Opération : Contre-attaque au profit de GABRIELLE sur lequel les VM ont pris pied.
But et Moyens : reprendre l’ensemble du PA ou en cas d’impossibilité, replier les éléments qui restent avec le 5e BPVN – 1er BEP – aux ordres du GAP 2
07 h 00
La contre-attaque démarre alors que le jour est déjà levé, les artilleurs viets la prennent aussitôt sous le feu de leurs pièces. Giap a également mis en place un bataillon de la 312 à un point de passage obligatoire pour accéder à GABRIELLE, le village de Ban Khé Phaï. Unités situées au nord du village de Ban Mo derrière une digue naturelle de la Nam Co traités par BLEU puis par ROUGE.
Appuyés par les chars du capitaine HERVOUËT, les légionnaires para de « loulou » MARTIN chargent, ceux de Domigo retiennent les Viets sur leurs positions.
Seulement, les Viets sont maitres d’une grande partie de GABRIELLE, et appellent leur artillerie au secours.
Au cours de la nuit les positions de batteries de ISABELLE sont matraqués violemment.
Depuis le lever du jour recrudescence de tirs d’artillerie dans la zone des batteries et PC à cadence de 10 coups / minute.
07 h 00
Le CONTI arrive au radier et laisse ROUGE au radier pour aider le 5e BPVN à franchir le premier bouchon fixé par la 4e Cie du BEP.
Le régiment 165 atteint seulement se PC de la 3e Cie qui s’effondre.
Le capitaine GENDRE voit au sud et entend la contre-attaque qui est à 1 200 m de GABRIELLE.
07 h 15
L’assaut VM contre la corne sud-est du PA contre la 3e Cie réussit à percer.
Le Bawouan se portant sur la piste Pavie, est pris à partie à hauteur de CLAUDINE 1 par un violent tir de barrage de 105. Il traverse ainsi sous le feu la moitié du camp retranché et vient se placer derrière deux compagnies de légionnaires du 1er BEP qui progressent dans le sillage des chars M24 Chaffee. La contre-attaque atteint le gué de Ban Khé Phaï, mais à ce moment, après quelques coups de réglage, un violent tir d’artillerie s’abat sur les parachutistes. La moitié environ du bataillon franchit le barrage, mais un officier vietnamien, le lieutenant TY de la 2e Cie , panique et abrite sa section sur place, bloquant le passage aux 2 compagnies qui suivent la 1re et la 4e.
Les troupes reprennent la marche la 3e Cie avec les chars de BLEU avancent de part et d’autre de la piste Pavie.
Ban Khe Phaï :
- Bouchon, tir d’armes lourdes canon sans recul et mitrailleuse de 12.7. Les chars font sauter le bouchon.
- BLEU reste en couverture face à Ban Khe Phaï à gauche de la piste Pavie.
- ROUGE en couverture de la 3e Cie.
Une Cie Viêt avec des appuis se met en place sur 477 au sud-est de GABRIELLE à 300 mètres au sud prise à partie immédiatement par les chars de ROUGE.
Contact radio repris avec les dernières troupes de GABRIELLE… qui tient toujours.
07 h 20
Il fait jour et la brume est levée les chars deviennent des cibles et l’artillerie, 105 et mortiers de 120, se déclenche.
La 4e Cie envoie une section vers GABRIELLE avec les chars de BLEU.
Le 5e BPVN avance sous la pluie. En face, Vietminh évalué à une division.
Le MULHOUSE longe GABRIELLE par l’ouest et s’arrête en vue du goulet au nord.
Il échappe à un tir de bazooka.
Le DOUAUMONT, encadré par l’artillerie, est touché. Le radio chargeur touché à la tête, l’antenne radio arrachée. Il fait demi-tour pour quitter la zone et embarque des blessés du BEP sur l’arrière du char.
Les Bisons Rouge avec les légionnaires approchent des barbelés en profitant de la pluie, le POSEN en tête.
Détectés par les Viets les chars sont pris à partie par l’artillerie.
Le ETTLINGEN est encadré par des tirs de 120. Après plusieurs tirs proches, le char est touché. Le chef de char est tué, touché à la tête au bord de la tourelle. Sur ordre fait demi-tour en embarquant les blessés, le maréchal des logis GUNTZ est tué net.
Le ciel s’est obscurci et la pluie redouble.
Le 5e BPVN arrivant au guet est pris à partie par l’artillerie la fatigue deux jours sans sommeil et la peur n’avance plus paralysé il faut les pousser violemment.
Le BAZEILLE et le POSEN sont à 50 mètres des barbelés, avec derrière, le SMOLENSK et le Mulhouse face à l’ouest.
Devant le matraquage, GUIRAUD demande des renforts, la réponse du GONO arrive : « Récupérez les compagnies restant sur GABRIELLE ! »
C’est la confusion ! Captant le message, le capitaine GENDRE ordonne à ses tirailleurs de décrocher. Le lieutenant BOTELLA et ses paras vietnamiens voyant la 3e Cie dans la rizière appelle le PC du GONO.
BOTELLA donne ses ordres à FOX et DECORSE : Resserrez le dispositif de défense, compte tenu de la nouvelle situation, se préparer à évacuer la position, retour aux ordres immédiatement.
BOTELLA demande aux artilleurs pour pouvoir respirer un peu de tirer sur GABRIELLE même dont seule l’extrême face sud-ouest est occupée par les tirailleurs.
Il demande que les chars montent sur GABRIELLE pour l’épauler afin de reprendre la position.
La réponse arrive aussitôt : « On ne peut plus rien pour vous, sauve qui peut ! »
Le lieutenant BOTELLA demande aux artilleurs un dernier tir sur la rizière Sud de GABRIELLE pour permettre la sortie.
Pour le capitaine GENDRE la mission est de sauver le maximum d’hommes.
Ne pouvant organiser un repli organisé, il laisse les groupes d’hommes faire au mieux.
2e Cie – FOX et DECORSE aux ordres :
- Pour FOX : « partez immédiatement, emmenez tout le monde avec vous, faites vite. » Les officiers présents au PC reçoivent l’ordre de partir avec Fox.
- Pour DECORSE : « Vous restez jusqu’à l’évacuation complète des éléments de Fox, appuyez sont retrait, je partirai avec vous. »
Tout va très vite, le contact est partout sur toutes les faces. Il faut se battre et repousser l’ennemi, se frayer un chemin. L’imbrication Tirailleurs-VM est telle que le décrochage est difficile. Il ne peut s’effectuer dans de plus mauvaises conditions. On se bat, avec rage, au PM, à la grenade, à coup de crosse. On se blesse, on se tue avec ardeur et fougue, avec rage.
On réussit à traverser les lignes, déchiquetés par les barbelés, ensanglantés et en haillons.
FOX ayant tant bien que mal plutôt mal que bien quitté GABRIELLE, c’est le tour de DECORSE et de BOTELLA qui aperçoit en partant son ordonnance HEZIL et deux tirailleurs faire rempart et utilisant leurs armes individuelles à outrance.
Les survivants de la 3e Cie et la 2e Cie se précipitent en direction du sud pour rejoindre les troupes amies.
Quelques hommes de la Cie de mortier se frayent un passage à la grenade et au pistolet mitrailleur. Le lieutenant CLERGÉ est capturé.
À la 1re Cie, 2 sections commandées par des gradés musulmans ne parviennent pas à se dégager. La moitié des deux section est ensevelie par les bombardements.
Les restants des sections du sergent NOURREDINE et celle du sergent-chef ABDERRAHMAN sont capturées par la nuée de fantassins.
07 h 30
Le commandant DE MECQUENEM reprend connaissance, rejoint l’abri de la 1re Cie. Il est fait prisonnier.
07 h 35
Situation critique sur GABRIELLE où la partie nord est aux mains des Viets.
07 h 45
Demande pour GATAC envoyer urgence le matériel de rechange GONIO (RALZ pour SCR 624).
Le POSEN voit les soldats de GABRIELLE se lever, sortir des tranchées et venir vers le char par sections entières dans la pagaille.
Au sud-est les BoDoïs tentent de passer les barbelés mais sont surpris par le repli des tirailleurs.
Une centaine de tirailleurs quittent la position par sections et traversent la rizière vers les renforts à découvert sous la protection des chars et de la 3e Cie du BEP.
Des ilots de résistance subsistent sur GABRIELLE, les fantassins Vietminh progressent debout.
08 h 00
Repli de la 2e Cie et de la section de la 4e Cie aux ordres du capitaine CARRE sous la protection des 5 chars en ligne avec encore des pertes.
- Lieutenant FOX de la 2e Cie : tué au cours de sa progression individuelle à 50 m des chars venus en recueil par une rafale de fusil mitrailleur.
- Adjudant-chef GRIVEL : blessé au cours de sa progression individuelle après avoir traversé le radier par une mitrailleuse lourde 12.7 (avant-bras arraché).
- Sergent-chef DECORSE : blessé sur GABRIELLE au moment du décrochage par éclat de grenades.
- Lieutenant BOTELLA : blessé sur GABRIELLE au moment du décrochage par éclat de grenades et blast pulmonaire par 105 entre le radier et le GONO.
2e Cie V/7e RTA : sur 11 officiers et sous-officiers, 5 sont blessés et 4 sont tués.
Le CONTI le BAZEILLE et le MULHOUSE à 400 m au sud de GABRIELLE font face. Le commandant GUIRAUD est blessé ainsi que les capitaines MARTIN et DOMINGO.
Nettoyage systématique du PA par un fort élément VM.
08 h 15
Violents tirs d’artillerie sur la contre-attaque et sur la zone PC artillerie.
08 h 30
Le 1er BEP qui a subi de lourdes pertes par l’artillerie ennemie, reçoit l’ordre de se replier. Bilan : 8 hommes de troupe européens tués, 1 homme de troupe autochtone tué.
- Blessés non évacués : chef de bataillon GUIRAUD, lieutenant DOMIGO, 4 sous-officiers, 6 hommes de troupe européens 7 hommes de troupe autochtone.
- Blessés évacués : 13 hommes de troupe européens et 12 hommes de troupe autochtone.
- Pertes ennemies non dénombrées.
Le lieutenant BRANDON est désigné pour assurer le commandement du PA 8/3 en remplacement du capitaine CHALONY.
1er BEP – Base arrière : Obsèques à l’hôpital de Lanessan du volontaire DO EHAC DUC tué au combat. Un piquet d’honneur et une délégation sont fournis par le Bataillon.
Le 5e BPVN, installé au radier, protège le mouvement.
Les chars repassent le radier en rattrapant les sections du BEP qui brancardent leurs blessés et emportent leurs morts dans la tradition de la Légion.
Les chars avec les blessés partent directement vers l’hôpital ou 4 gendarmes transformés en brancardiers attendent pour emporter les blessés. Mais l’un est tué par un obus tombé à proximité en débarquant les blessés.
Dans les antennes chirurgicales, la situation est dramatique, aux blessés de BÉATRICE et à ceux de GABRIELLE, s’ajoutent les blessés de la contre-attaque manquée.
08 h 45
GONO demande de casser le PA Gabrielle par tous les moyens aériens.
La Bomb-Line ramenée sur le ruisseau 400 m au nord d’ANNE-MARIE.
09 h 00
Chute officielle de GABRIELLE. Malgré des nids de résistance esseulés où des tirailleurs tiendront encore jusqu’à 13 heures.
Matin
Mise à terre de la Flotille 3F sur Curtiss SB2 C 5 Helldiver pour leur permettre un plus grand emport et une sécurité au posé de nuit sur l’aérodrome de Bach Maï avec le GC 1/22 Saintonge, le GT 2/62 Franche-Comté, L’ELA 53, l’EROM 80, et le 23e GAOA. Mission de mise en place de 2 équipages du 23e GAO sur Vientiane pour récupérer 2 MO 500 disponibles mais sans équipages.
Message EMIFT : Accorder satisfaction à toutes demandes de munitions au profit Diên Biên Phu quels que soient le type de munitions.
Message à DIRMAT : Vous autorise à débloquer matériel 105 HM2 et mortiers de 120 mm sans accord préalable EMIFT au profit Diên Biên Phu.
10 h 00
Retour avec 4 officiers et 150 tirailleurs du 5/7e RTA survivants de GABRIELLE recueillis par légionnaires de la Cie MARTIN.
11 h 00
Au PA central bilan de l’opération, pâle de rage devant la mauvaise image donnée par le Bawouan, BOTELLA désarme une partie de ses hommes et les chasse en leur conseillant d’aller s’engager comme coolie ou comme boy chez les légionnaires..
Le lieutenant PHAM VAN PHU, commandant la 2e compagnie du 5e BPVN, propose de fusiller deux de ses chefs de section qui n’ont pas été à la hauteur, mais le capitaine BOTELLA se contente de les dégrader et d’exclure de son bataillon tous ceux qui ne se sont pas conduits irréprochablement (il se suicidera en tant que général commandant le 2e Corps d’armée sud-vietnamien, lors de la chute de Saïgon). Jusqu’à la chute du camp retranché, le 5e BPVN comme toutes les autres unités d’intervention, sera constamment sur la brèche pour contenir les attaques ennemies, contre-attaquer et réoccuper les positions perdues. C’est surtout à l’échelon compagnie qu’il intervient souvent sur les PA des CR DOMINQUE, ÉLIANE et HUGUETTE.
Le colonel PIROTH a vu toute la nuit ses plans de feu démantelés.
Dans la nuit, 2 canons de 105 et ses servants ont été détruits un des 4 canons de 155 a été mis hors service et la Cie de mortiers de 120 de GABRIELLE a disparu.
Les tirs de contre batteries ont été inefficaces. Il plonge dans le désespoir. Regagne son abri s’étend sur son lit dégoupille une grenade sur son cœur. Il est enterré directement dans son abri.
Le chef d’état-major de DE CASTRIES, le lieutenant-colonel KELLER fait une dépression nerveuse et reste assis coiffé de son casque au fond de l’abri du PC.
Le 8e Choc nettoie les positions devant DOMINIQUE.
Violent tir de mortier sur le PA DOMINIQUE et sur le 3/3e RTA : 4 tués, 18 blessés dont lieutenant PERDU qui agonise de longues heures et décède le lendemain.
Organigramme 3/3e RTA :
- Lieutenant JACQUELINE, seul officier à la 9.
- Lieutenant CHATEIGNIER, seul à la 10.
- Lieutenant LENTSCH et sous-lieutenant PAIN à la 11.
- FILAUDEAU, à la 12 secondé par les lieutenants GUÉRIN et PERDU.
- DLO lieutenant GASPARINI sur DOMINIQUE 2 à 505 mètres pour gérer les tirs préparés.
Une compagnie de supplétif commandée par le sous-lieutenant PROST est sur la frange nord-ouest de DOMINIQUE 2 avec comme adjoint le sergent CADIOU.
12 h 15
Bombardement en piqué du Hellcat patrouille SAVART BLEU nord GABRIELLE 6 km sur DCA, par bombe de 500 livres et mitrailleuse. Pris à partie fortement par les 37 mm, il est abattu et explose en vol (lieutenant de vaisseau Édouard LESPINAS – Flottille 11 F – avions Grumman F6F-5 Hellcat.
Fonction : Chef de patrouille et pilote de l’avion F6F-5 Grumman Hellcat n° BuAer 93840 codé 11F-8 Le 15 mars, une mission de bombardement fut confiée aux Hellcat de la flottille 11 F pour contribuer à la défense du camp retranché. Une patrouille de deux appareils dirigée par lieutenant de vaisseau LESPINAS devait attaquer une batterie d’artillerie ennemie qui menaçait le point d’appui GABRIELLE nécessaire à la protection du terrain d’aviation. Les deux avions larguèrent leurs bombes sur l’objectif mais l’appareil codé 11F-8 piloté par le LV LESPINAS fut presque aussitôt abattu par un tir violent de la DCA ennemie.
13 h 00
Le caporal-chef SLIMANE, le plus vieux tirailleur du 5/7 RTA, ancien de Monte Cassino, résiste toujours, seul sur GABRIELLE, avec son fusil mitrailleur
Pertes Viets sur Gabrielle estimées à 1 500 tués, 2 à 3 000 blessés, voir plus. Près de la moitié des 2 divisions 308 et 312 sont hors de combat.
Pertes Viêt-minh :
- Division 308
- Régiment 36 : 300 / Régiment 86 : 700 / Régiment 102 : 500
- Division 312
- Régiment 165 : 500 / Régiment 141 : 40
- Total : 2 040
Blessés de l’ordre de 7 000 environ
Pertes Viet Minh sur GABRIELLE estimées : 2 000 morts, 4 800 blessés.
Pour le 1er BEP :
8 tués, 13 blessés évacués, 25 autres qui refusent de l’être ; parmi eux, le commandant GUIRAUD. Le lieutenant DOMINGO, revenu à Diên Biên Phu pour succéder au capitaine CABIRO et le lieutenant DE TOUCHET, chef de la 3e section à la compagnie du capitaine MARTIN.
Grièvement blessé à la tête, le caporal PARSAT est découvert par les Viets qui le déposent près d’autres blessés ; sans le moindre soin, sans eau ; il s’éloigne en rampant ; il est recueilli par des légionnaires du 2e REI le 17. En rampant, il a parcouru 4 km ; soigné, il est évacué sur Hanoï.
350 officiers et tirailleurs de GABRIELLE dont 25% de blessés légers et moyens faits prisonniers.
80 tués ou disparus. 7 officiers prisonniers du V/7e RTA + lieutenant COLIN du 2/4 RACM chef du DLO d’artillerie blessé et prisonnier.
La 416e CSM n’existe plus.
L’opération de recueil permet de ramener 4 officiers et 150 rescapés du V/7e RTA du détachement génie ainsi que quelques légionnaires de la section de mortiers de 120 avec leur chef, le lieutenant CLERGÉ, blessé du 5e REI.
Environs 150 survivants dont 10% de blessés du V/7e RTA sont affectés sur ISABELLE sous les ordres du capitaine CARRE adjudant -major. Capitaine GENDRE (3e Cie), capitaine SUZINEAU (CCB) blessé, lieurenant BOTELLA (2e Cie). Avec le lieutenant CLERGÉ (5e REI) Peloton de mortier avec une poignée de Légionnaires. Tirailleurs du V/7e RTA dont l’état et les blessures ont permis de reprendre le combat sur ISABELLE : 30/35 Tirailleurs de la 2e Cie, 50 Tirailleurs à la 3e Cie environ.
Tous les blessés vont être évacués sur Hanoï.
Etat pertes Amies :
- Sud : 1 tué, 3 blessés.
- Centre : 10 tués, 30 blessés
- GAP 2 : 60 pertes environ
- Nord : BT3 3 tués, 7 blessés – 5/7 et Génie et Cie Mortier – reste 4 officiers et 150 hommes.
Pertes VM : 1 500 hommes dénombrés par 5/7 RTA dans leurs barbelés.
Les rescapés sont envoyés sur ISABELLE sous le commandement du Lieutenant-colonel Lalande qui ne récupère que 120 tirailleurs et légionnaires.
Avec les pertes de BÉATRICE et de GABRIELLE, la piste d’aviation se trouve directement sous le feu de la DCA Viet.
Les défenseurs ont perdus 658 hommes, 483 morts et 175 disparus (la plupart prisonniers).
23 hommes sont largués par 2 Dakota du Béarn (techniciens en remplacement artillerie transmissions)
ACP 6 larguée Médecin lieutenant VIDAL : 8 hommes s’installe dans un PC abandonné sur la rive est de la Nam Youn sur ÉLIANE 3
On insère à la hâte entre DOMINIQUE 1 et DOMINIQUE 2 un nouveau PA DOMINIQUE 6.
Hanoï : Demande de livraison d’urgence de 10 000 voilures à matériel G.I. prélevées sur les 20 000 arrivant du Japon à Saïgon par bateau.
13 h 45
3 Hellcat bombardent GABRIELLE avec des 500 livres des B-26 suivent mais ne peuvent bombarder correctement à cause de la météo.
17 h 00
7 Bearcat en provenance de la plaine des Jarres du 2/22 Languedoc au Laos, 220 Km au sud, arrivent pour bombarder mission le milieu de GABRIELLE. 3 patrouilles dont Ripaton rouge en bombes de 1 000 livres, 2 appareils, Ripaton Bleu en bombes de 500 livres, 3 appareils. 2 bombes seulement possible par avion toute taille confondu pour largage sur emplacement supposé d’artillerie.
Arrivée cap au nord à 4 000 ft sol au-dessus de la bordures est du camp jusqu’à la verticale BÉATRICE à partir de la virage 90 degrés gauche et nous attaquerons en semi piqué avec un intervalle de dix secondes.
Le quatrième appareil le sergent Ali Sahraoui lors du piqué touché par la DCA s’écrase avec les bombes qu’il venait de larguer (environ nord BAN MO voir photo du 16 mars pour confirmation). Pilote vivant mort en captivité.
Seulement 12.5 tonnes de ravitaillements larguées.
Lundi 15 mars
6e BPC – Séminaire Hanoï. Le Bataillon est en alerte aéroportée au profit du camp retranché de Diên Biên Phu. Le Bataillon fait mouvement sur Hanoï. BIGEARD était dans le bureau du général COGNY.
— J’ai besoin de vous à Diên Biên Phu. Tout va mal. Vu de Hanoï, l’affaire me paraît mal commandée…
Bigeard a compris ; une longue route, des efforts incessants, vingt mois écoulés, de la fatigue, du sang.
Une fois de plus, probablement, on lui demande de se sacrifier. Doit-il envoyer en enfer ces hommes qui sont arrivés au terme de leur séjour ?
— Mon général, mon Bataillon en 20 mois d’Indochine n’a jamais eu le temps de souffler. Mes hommes ont mérité de rentrer en France »
— Non Bigeard. Votre bataillon est indispensable.
— Quand sautons-nous ?
— Demain.
Retour au séminaire où il convoque les commandants de compagnies.
— Messieurs, nous sommes en alerte aéroportée. Notre mission : Renforcer la garnison. Demain nous sautons sur Diên Biên Phu. Je sais ce que vous pensez, reprend BRUNO, nous avons été de toutes les fiestas et nous avons, dans les jambes, un sacrés nombrent de kilomètres.
— Ça va mal. Les Thaïs qui tenaient le piton Anne-Marie ont abandonné leur position sans combat. Ils ont décidé que cette affaire ne les concernait plus et sont rentrés à la maison. Et le colonel commandant l’artillerie s’est suicidé dans son abri. J’ai demandé à COGNY de vous laisser tranquilles, et lui ai dit que j’étais prêt à partir avec n’importe quel autre Bataillon !
— Mon commandant, réplique TRAPP, vous ne pensez tout de même pas que nous souhaitons rester hors du coup ? Nous sommes fatigués, nous désirons tous rentrer en France. Mais ce que nous souhaitons ne compte pas.
— Tout à fait d’accord, enchaîne BOURGOIS. Nous sommes les meilleurs. Nous partirons avec vous. C’est normal.
J’ai contacté le général pour cette « anecdote ».
— Je m’en souviens comme si c’était hier… (Le ton de la voix du général a changé)
Beaucoup ne vont pas en revenir… D’autres en reviendrons mais atteint dans leurs chairs. Ils savent aussi que leur mission à Diên Biên Phu relève du sacrifice. Quelques heures avant d’être largué sur Diên Biên Phu, le commandant BIGEARD aura cette remarque : Mon regret, les emmener dans cet enfer si près de leur rapatriement aucun problème, autant que moi, ils désirent ce combat persuadés que nous allons en transformer l’issue.
Le BT3 voit arriver dans l’après-midi un camion Viet et des hommes pour s’installer au nord de GABRIELLE.
Ils aménagent des alvéoles pour des mortiers ou de l’artillerie.
Le DLO demande des tirs qui sont refusés par manque de munitions.
Lieutenant FOUCRAS du train installe poste radio pour les largages de matériel par C-47 devient Torri transport, il observe les largages test depuis une butte et donne les top largages.
Le BT 3 sur ANNE-MARIE assiste au retour des légionnaires de GABRIELLE.
Harcèlement au mortier toute la journée encore : 3 tués.
Le PA 3 reçoit des tirs de 105.
Les Viets s’immiscent sur le réseau radio et promettent un violent bombardement et un assaut sans pitié. Toutefois ajoutent les agents ennemis il est encore temps de quitter la position et de profiter de la nuit pour rejoindre vos vrais frères d’armes.
Les haut-parleurs reprennent la litanie dès que la nuit tombe. À cette cacophonie, s’ajoutent les tirs de 105 et les coups de mortiers qui alternent avec la riposte du camp
Au crépuscule, des mitrailleuses sont à moins de 400 m du PA 3.
Pendant ce temps, partis des bases de GABRIELLE, les tranchées viets commencent à cerner ANNE-MARIE et arrivent également aux abords de DOMINIQUE.
Cette approche commence à inquiéter les Thaïs de la 12e compagnie du bataillon Thaï n° 3, commandé par le capitaine GUILLEMINOT. Ces hommes originaires de Son-là et de Ngia Lo sont trop éloignés de leurs famille et engagés dans un combat pour lequel ils ne sont pas fait. Leurs familles sont déjà en zone viet.
Le 8e BPC a 3 morts et 3 blessés.
14 h 30
Départ de la base arrière du 8e BPC de 12 sous-officiers et 35 hommes pour parachutage. 3 inaptes au saut par refus.
16 C-119 ont largué du matériel et 2 du napalm.
15 C-47 ont approvisionné le camp et 4 avions civils.
En trois jours, la moitié des munitions d’artillerie ont été tirées.
Il ne reste dans les soutes :
- Pour les 105 mm : 3 UF.
- Pour les 155 mm : 1,5 UF.
- Pour les mortiers de 120 mm : 5 UF.
- 6 jours de vivres.
Le camp a dépensé en trois jours près de 5 jours de dotations de munitions.
- 12 600 coups de 105 mm sur les 27 000 en stock.
- 10 000 coups de 120 mm sur les 23 000 en stock.
- 1/5 des 3 000 coups de 155 mm
- Soit un peu plus de 700 tonnes de munitions.
Renseignements : Tranches de livraisons de munitions aux environs du 15 mars : 150 tonnes. Tonnage minimum.
Urgence : Demande de livraison sur Haïphong par voie maritime depuis Saïgon de 10 000 voilures G.I. sur les 20 000 arrivant du Japon sur le S/S ILLEANO et NEBON.
Demande de livraison, par avion, aux forces américaines, de matériel de parachutage pour un 2e groupe de 105 HM2, stocké au Japon, le plus tôt possible, sur Haïphong.
Ordre d’envoi immédiat de 4 ensemble de largage pour 4 canons de 105.
Message : Deux pièces déjà débloquées par EMIFT parachutées le 16 une troisième nécessaire de suite, pour éviter tout retard prévoir déblocage de 6 pièces de 105 HM2 sur la maintenance EMIFT au profit GONO.
L’entretien du GONO exige 150 tonnes par jour.
Pour ramener les approvisionnements en munitions à leur niveau initial après la crise il faut donc dépasser pendant un certain temps 150 t/jour.
À 200 tonnes par jour, niveau qui n’a jamais été atteint, il faut 15 jours pour recompléter et revenir au niveau initial déjà en dessous des niveaux prescrits.
16 h 00
Le dispositif VM se resserre sur le centre de résistance.
Toutes les hauteurs entourant la cuvette se couronnent d’artillerie et de DCA.
Les harcèlements n’ont pas cessé depuis ce matin.
Plafond toujours très bas. Les interventions aériennes ne semblent pas donner de résultats.
Antenne chirurgicale débordée. Demande d’urgence parachutage d’une antenne chirurgicale.