Poursuite du harcèlement.

Quelques mouvements suspects sur la face Est à hauteur de ELIANE 1 et 4. Courant de la journée une patrouille trouve le contact en 935-587.

Bilan de la journée : 7 tués, 12 blessés. À Diên Biên Phu – pertes amies : 8 tués, 34 blessés.

Pertes VM : 27 tués. Nombreux tirs au 57 SR sur organisation VM, plusieurs blockhaus détruits observés.

ISABELLE : des 75 mm DKZ ou les canons de montagne tirent à bout portant pour détruire systématiquement les bunkers du PA WIÈME (ISABELLE 5). Les Viets ont atteint le premier réseau du PA WIÈME avec les tranchées. Le colonel LALANDE a fait tourner des troupes fraiches sur le point d’appui à intervalles réguliers

Deux bisons se lancent à travers les rizières pour les réduire au silence.

Le RATISBONNE est touché par une paire de 105 mm et les armes ennemies reprennent les tirs.

Une C^ie de marche du V/7^e RTA avec de légionnaires du capitaine BOTELLA appuie le PA WIÈME. Le capitaine BOTELLA et le lieutenant Jean THYMEN sont blessés dans l’effondrement de leur bunker. Les défenseurs pour échapper aux tirs directs se replient sur le côté Ouest du point d’appui. Cela laisse la face Est grand ouverte pour l’assaut. Mais personne ne vient. Mais le Vietminh ouvre trois brèches dans le barbelé et avance des tranchées au travers.

Baisse des stocks de munitions d’artillerie.

1 seul Privateer sur 4 atteint Diên Biên Phu et réalise un bombardement au Top verticale visuelle aux dires de Torri Rouge.

1 seul Packet peut effectuer sa mission de ravitaillement.

Les 5 vols de 16 B-26 envoyés vers Diên Biên Phu doivent faire demi-tour sur ordre du GATAC en raison des conditions météorologiques.

De nombreux camions VM ont été attaqués par notre aviation sur les itinéraires de ravitaillement VM.

Le char DOUAUMONT est atteint de plein fouet dans le compartiment de l’aide-pilote par un obus de 105. Le marsouin DAOUST est littéralement volatilisé. Le sergent-chef PRADINE et le marsouin LEROY, parachuté dans la nuit du 23 au 24, sont grièvement blessés. Le peloton du RICM n’a plus un char intact.

L’impact sur le char est caché aux observateurs Vietminh.

Le temps sur le Delta est resté très favorable toute la journée ; au début de la nuit le ciel s’est presque complètement dégagé sur le parcours et dans la cuvette de Diên Biên Phu. 

Le général DE CASTRIES impose que tous les renforts soient désormais européens. Il pense que seul les Européens sont capable d’une acclimatation rapide.

Le GONO a besoin d’effectifs frais pour reconstituer des réserves.

Il ne reste qu’un bataillon parachutiste en Indochine. NAVARRE et COGNY sont révulsés à l’idée d’envoyer à Diên Biên Phu le 1^er RCP. Les deux se sont rendu compte que la fin de la bataille et la destruction du GONO est juste une histoire de temps.

Dakota Zoulou Charlie largage de 12 paras en 2 passages

3^e REI : 4 sous-officiers, 59 hommes de troupe. 83 volontaires ont sauté sur ISABELLE, dont 10 hommes pour les pelotons de char. 20 se sont perdus. Dont 1 accidenté à l’arrivée.

Le 805^e Howitzer, le 112^e mortier et la 756^e batterie de montagne et plus de 100 mortiers de 60 mm et 81/82 mm commencent à arroser ISABELLE.

Violent pilonnage vietminh du centre du camp : 2 morts dans le détachement de l’armée de l’Air et 19 blessés. Les dépôts sont touchés. Un camion brule et 600 obus sautent en faisant trembler le sol, ouvrant un énorme cratère qui se rempli d’eau. Il s’agit d’une véritable préparation qui annonce l’assaut.

Le char est remorqué sur le Pagodon par le char MULHOUSE avec un aumônier et un étrange cortège funéraire se forme.

Les hommes du peloton sortent les restes et l’enterre dans un parachute en soie.

Au matin il est enterré.

Missions aériennes effectuées :   

• F8F : 13 missions sur 13 demandées
• F6F : 6 missions sur 14 demandées pour cause météo.
• B-26 : 17 missions sur 21 demandées pour 16 demi-tour mission annulée pour cause météo sur zone.
• PB4Y2 : 4 missions sur 4 demandées.
• Observation : 2 missions sur 4 pour cause météo
• Transport : 1 sur 25 (24 sorties annulées cause météo).

Les hommes ne reçoivent plus qu’une demi-ration et se nourrissent comme les vietnamiens de riz et de nuoc-mam qui mélangé à une boite de singe se révèle une nourriture acceptable.

CR artillerie – nuit 29 au 30 : faible harcèlement 105 et 120 un coup de 105 ou un coup de 120 systématiquement lors de nos contre batteries DCA.

DCA : activité nulle lors des parachutages de nuit sur ISABELLE. Deux pièces de 12.7 au Nord du camp retranché position 27/37 et 30/37 repérées actives. Autres positions Est et Nord non repérées suite forte brume mais actives.

Les Viets ont percé des tunnels dans la colline DOMINIQUE et installé 5 canons sans recul de 75 sur la face ouest, embrasures invisibles et peuvent bombarder le camp retranché. 

Largage du 7^e C-47 sur ISABELLE en cours. Réaction DCA faible. Le 1^er avion fait demi-tour sans larguer. 2^e avion : largue de seulement 4 paras

Largage de personnel sur ISABELLE terminé dans de bonnes conditions.

Largage C-119 en cours sur Diên Biên Phu.

Largage des C-119 se poursuit sur Diên Biên Phu. DCA faible

Le Viet Minh tente un coup de main sur la corne Nord-Ouest de DOMINIQUE 3 tenue par les tirailleurs Algériens qui échoue, mais 12 corps VM abandonnés dans les barbelés, 4 tués NA, 4 blessés amis.

Au sud de JUNON, tenu par le détachement de l’armée de l’Air, quelques partisans et 400 blessés. Les viets sont détectés à 800 m au sud.

Un élément de reconnaissance qui tente de pousser jusqu’à Ban Co My se heurte à l’ennemi à Ban Pa Pé à 1 km au Nord.

Le MULHOUSE intervient au Sud de JUNON et au profit des HUGUETTE.

Le ETTLINGEN intervient comme tous les jours au profit d’Opéra Il monte sur ELIANE 4 et surprend les Bo Doïs sur DOMINIQUE 2. Il prend ses repères pour une intervention de nuit.

Le DOUAUMONT est nettoyé et placé sur le terre-plein du Pagodon pour participer à la défense de JUNON avec le MULHOUSE car son artillerie est intacte

ISABELLE – PA WIÈME – compte rendu de la nuit : Capitaine BOTELLA rend compte au colonel LALANDE :

Les Viets ont atteint le deuxième réseau de barbelés. Les hommes ont bien tenu le coup mais cela a été très dur. Les hommes nettoient et rebouchent les tranchées Viets. Les tirailleurs et les légionnaires se défendent et attaquent comme un seul homme. Ils sont fatigués, mais ce n’est pas le courage qui leur manque. Il n’y a pas de fanatisme, c’est certain, mais le moral ne faiblit pas. Il est comme celui de leur chef. Je pense que les Viets vont mettre le paquet ce soir et que nous tomberons. Mes tirailleurs et légionnaires se battront bien, mais, compte tenu de la situation (C^ie effritée, tranchées et réseaux de barbelés dévastés, avancement des tranchées Viets …) je ne peux écarter cette éventualité et je vous en rend compte.

Le harcèlement s’intensifie : majorité de 120 du Nord-Est, les 105 de l’Est – accalmie durant l’intervention aérienne contre la DCA puis reprise forte cadence. Arrêt brusque coïncidant avec tir à priori sur position possible de 3 pièces de 120 en 9648/10808 – cadence 2 coups par minute et 1 coup minute – position active 3 pièces de 120 probables en 9648/6808. Batterie WF a 3 pièces de 105. Batterie YH à 4 pièces de 105. 2 pièces de 105 en 925/686 à 300 mètres près. 1 pièce de 105 en 920/694 – précision 300 m. 4 pièces de 105 en 007/684 précision 300 m. 1 pièces de 105 en 999/638 à 100 mètres près. 1 position au Nord-Est non déterminée. Consommation 800 coups de 105, 500 de 120, 200 de 75 très approximatif étant donné la densité de feu mais chiffre minimum. 

Un aviateur distrait ou malveillant a laissé tomber une caisse complète de Vinogel en dehors des barbelés, tout en bas des Champs-Elysées. Immédiatement repérée par un guetteur, elle a été signalée au reste de la compagnie et, toute la journée durant, le Vinogel a fasciné les légionnaires, qui à coups de fusil et de lance-grenades en ont interdit l’approche aux bo-doïs qui occupaient deux blockhaus voisins.

Poursuite du harcèlement par rafales assez violentes.

Bilan parachutage personnel sur ISABELLE : 63 récupérés dont un accidenté au sol.

ISABELLE : Un Dakota a fait demi-tour de sa propre initiative sans avoir largué.

De nombreux éléments VM sont signalés à 800 m Sud de JUNON et au Sud de Ban Bape.  Les bombardements ont causé 8 tués et 34 blessés. Il n’y a plus dans Diên Biên Phu aucun char entièrement disponible.

Matériel : 6 C-119 larguent dans la brume suivant signal donné au sol. Récupération en cours. DCA peu active sans doute en raison des conditions atmosphériques.

Demandes : Priorité du ravitaillement sur le personnel, demande que le ravitaillement soit programmé en premier pour pouvoir être reporté suivant la météo. Demande de parachutage de riz à la place des rations pour gagner 50% sur le tonnage.

Demande de renforts :

1. Epuiser les renforts européens.
2. Les Marocains, je dis bien les Marocains, 50 au début mais à condition qu’ils soient encadrés par des chefs de section européens, sous-officiers au moins car l’encadrement du I/4^e RTM est très déficient.
3. Question des Algériens : réservée. Les conserver rassemblés à la BAPN.
4. 150 Vietnamiens paras sélectionnés ayant au moins 2 ans de service, de préférence encadrés par des éléments européens actuellement à l’instruction.

Proportion demandée dans le fret aérien pour 6 C-119 : 2/3 de vivres, 1/3 de munitions d’infanterie à tir courbe. Sur avions en sus de ce nombre, désirons recevoir ½ vivres ½ munitions.

Harcèlement par rafales très violentes. Début de largage C-119 haute altitude.

Prévision de parachutage du soir : 60 hommes sur DZ générale par six C-47. Premier largage à 21 h 00. La météo s’améliore l’après midi permettant une très forte action aérienne.

Les pilotes américains de C-119 reprennent les vols avec l’engagement de l’armée de l’Air de neutraliser la DCA.

Une centaine d’avions dans le ciel de Diên Biên Phu.

À partir du 30 avril la 14F intervient dans la cuvette où elle prend la suite de la 11F pour la protection des parachutages et l’attaque des points d’appui tombés aux mains du Vietminh.

Largage de 212 tonnes mais les C-119 larguent à 3 000 mètres et manquent de précision.

L’armée de l’Air annonce un tiers, soit 65 tonnes, chez l’ennemi.

Le PC du camp annonce que près de la moitié est tombé en territoire ennemi.

Probable plusieurs tonnes tombées en principe à l’intérieur du camp mais irrécupérable (zone sous le feu, mines ou barbelés).

Message GONO : Depuis 10 jours une moyenne de 1700 coups de 105 mm est demandée journellement pour ISABELLE, or depuis le 22 la moyenne reçue effectivement est de 348 coups. L’appui d’artillerie d’ISABELLE est indispensable à la défense de Diên Biên Phu. Il faut en permanence 8 000 coups de 105 à ISABELLE.

Loc Mission Photo

• 593 HV 501 du 30 avril 1954 1/7 000 – bonne image RB26 – 4 050 m.
• HV 509 échelle 1/6 500 – photographie des aménagements de terrain.

Camerone fêté un peu partout se borne à la lecture du récit du combat.

2^e C^ie de la 1/13 DBLE sur ELIANE 2 avec une autre C^ie de la 1/13 DBLE se relèvent toutes les 48 heures.

Le parachutage de C-119 se poursuit avec de bons résultats dans l’ensemble.

Sur ELIANE 2, la pénurie est encore plus grande que sur les HUGUETTE. Priorité est donnée aux grenades et il n’a pas été question d’y faire acheminer autre chose que quatre bouteilles de vin bouché, cadeau du général DE CASTRIES ; un vin d’Algérie, le seul qui supporte le climat d’Indochine et qui n’a fait que raviver les nostalgies. Quatre bouteilles, une par section. Pas même de quoi étancher la soif. Quant à prendre la cuite rituelle.

Effectif blessés à évacuer : 520 assis, 388 couchés + ISABELLE : 80 assis 50 couchés. Total : 1 038.

Effectif valides plus blessés à évacuer : 9 917 combattants valables infanterie + ABC 6 105.

Une délégation de sous-officiers vient jusqu’à ELIANE 3 pour demander au commandant COUTANT l’autorisation d’aller récupérer la précieuse cargaison de Vinogel.

— Non, a répondu COUTANT. Il n’est pas question de risquer plus de pertes que cela n’en vaut.

— Mais c’est Camerone, mon commandant.

— Justement. N’oubliez pas que Danjou et ses hommes ont tenu sans boire toute une journée.

Un peu avant la nuit, lassé sans doute de l’insistance que mettaient ses hommes à réclamer l’autorisation de monter un commando de récupération, COUTANT s’est glissé dans la tranchée. Il a souri :

— C’est peut-être faisable.

Cette simple constatation équivalait à un accord. La nuit venue, une dizaine de légionnaires se sont extraits de la boue grasse des tranchées. Des volontaires bien sûr, mais des volontaires sélectionnés : toute la compagnie était sur les rangs.

Ils ont bondi si vite que l’ennemi n’a pas eu le temps de réagir. Les premiers arrivés aux créneaux des blockhaus ennemis ont poussé des grenades à travers les meurtrières, tandis que les autres fonçaient jusqu’à la caisse. En se repliant, ils ont parachevé la destruction des 3 blockhaus en les faisant sauter avec des pains de plastic ramassés sur les cadavres pourrissants de volontaires de la mort, abattus quelques jours plus tôt.

Dans son compte rendu des activités de la nuit, COUTANT s’est borné à mentionner la destruction des ouvrages ennemis et DE CASTRIES en a fait état dans son télégramme à Hanoï. Le soir, ce fait d’armes a été signalé dans la presse et au Palais-Bourbon

Isabelle – PA WIÈME : Sur ordre les Légionnaires sont envoyés par petits groupes, au centre de résistance, une petite collation leur a été préparée, de quoi raviver les nostalgies, sans plaisir. Ils fêtent ainsi Camerone, sans fanfare, sans fanfare, sans pinard et sans filles.

ISABELLE 5 : le Harcèlement d’artillerie se fait plus violent que les jours précédents C’est un feu d’enfer. Par l’importance et la durée des salves, on sent que les Viets mettent le paquet parce qu’ils veulent en finir avec le PA.

L’abris de l’adjudant DECORSE et ceux qui n’avaient pas encore été détruits, le sont les uns après les autres. Les tirailleurs n’ont plus que la tranchées creusée jour après jour, plus profondément, pour se protéger de l’artillerie. Ces coups au but ont causé des pertes sérieuses dans la section. Compte rendu au capitaine BOTELLA.

ISABELLE – PA WIÈME : Un obus de 105 à retard tombe sur l’abri PC du capitaine BOTELLA. Celui-ci est gravement blessé et sans connaissance sous les décombres. Informé par l’adjudant DECORSE, le colonel LALANDE envoie immédiatement le capitaine PIGEON avec une section du 2/1^er RTA pour dégager et récupérer le BOTELLA. Le capitaine PIGEON le sort de là avec l’aide des tirailleurs et des légionnaires après une heure de travail. Blessé gravement à la jambe par un obus de 105 et par les poutres de son abris qui lui ont écrasé le cage thoracique, sans connaissance.

Impossible de dégager le capitaine avec mes hommes, la pression Viet sur la position est très forte. Nous sommes au contact et en combat rapproché, au PM, à la grenade et au mortier.  Il est transporté d’urgence, sous le bombardement Viet jusqu’à l’antenne chirurgicale, au centre de résistance. Adjudant le plus haut gradé l’adjudant DECORSE prend le commandement. Les effectifs du V/7^e RTA sur le PA WIÈME ont fondu. Il ne reste plus qu’une quinzaine de sous-officiers et tirailleurs. Des deux sections de légionnaires mises à la disposition du capitaine BOTELLA, il ne reste plus qu’une maigre section.

C’est pratiquement à la grenade et au PM que presque toutes la nuit, nous réussissons à contenir les Viets.

Harcèlement de l’ensemble de nos  positions à tous calibres d’artillerie et mortiers.

GONO signale une proportion de torches de ¼ pour certains C-119. Ensemble du parachutage très satisfaisant.

Dakota Zoulou Mike en parachutage matériel est touché par la DCA à un moteur arrive à larguer son matériel en urgence et arrive à rentrer avec un seul moteur à Bach Maï. 

2^e rotation de C-119 en cours.

DCA active toute la journée tous azimuts puis après intervention aérienne seules positions actives 24/37, 30/37 et 37/37, contre batterie, reste sans réaction après le 5^e C-119.