07 h 00
DLO 1er RCP : reconnaissance en direction de Ban Na Loi.
5e BPVN et DLO : opération de recherche de contact à environ 8 km au nord-est du CR de Diên Biên Phu. Installation sur un piton pour la nuit et mise ne place de tirs d’arrêt.
08 h 00
BT3 : le restant du Bataillon relève (pour 48 heures en principe) le 5e BPVN sur les positions d’ÉLIANE. Occupation de l’ancien poste et le piton est. La 11e Cie interdit la plaine entre la rivière et le poste. Une garde est laissée sur nos anciennes positions.
1er BEP – missions : Continuation des travaux d’installation. Le GAP 2 est créé avec le 1er BEP le 8e BPC et le 5e BPVN et placé sous les ordres du lieutenant-colonel LANGLAIS.
10 h 00
DLO du 1er RCP : Tir de mortier de 60 mm VM. L’avion d’observation accroche le tir sur 701 à 800 m au sud de F1.
13 h 00
Commando 8e BPC : fin du coup de main de va et vient. Départ immédiat des 3 commandos vers la base opérationnelle.
Embarquement du PC ZONO de Lai Chau et la 8e Cie du BT2 et la Cie de Thaï blancs pour dépose à Dien Bien Phu. Les deux compagnies du BT2 sont mises provisoirement à la disposition du BT3 (7e et 8e Cie). L’une d’elle est incluse dans le dispositif sur ÉLIANE l’autre s’installe dans l’ancien centre de résistance. La Cie de Thaï Blancs rejoint provisoirement FRANÇOISE.
Deo Van Long le monarque de Laï Chau embarque sur un C-47 avec sa cour et ses gracieuses princesses et danseuses de ballet.
Relève et retour sur Hanoï de la 17e Cie génie parachutiste du capitaine BOUCHER. 32 hommes de la 342e CPT dont le restant, 13 hommes, sont relevés entre le 9 décembre et le 13 mars.
***
» La fin de Laï Chau
Le 5 décembre, le capitaine DOMPNIER, pilote et commandant de bord, et moi-même, adjudant BOYER, mécanicien-navigant, quittons Saïgon à bord du C-47 n° 562 Fox Victor du groupe « Anjou ». Nous rejoignons Diên-Biên-Phu le lendemain, dernière escale avant Laichau, poste à l’évacuation duquel nous devons participer. Nous effectuons deux rotations, l’une vers Diên Biên Phu, l’autre vers Hanoï.
Nous sommes de retour à Diên Biên Phu le lendemain avec le même programme que la veille : trois rotations de Diên Bîen Phu vers Lai Chau, la dernière se terminant à Hanoï.
Idem le 8 décembre, mais c’est là que se situe un moment particulièrement difficile. Tout le matériel aisément transportable a été dispatché vers Diên Biên Phu ou Hanoï, ainsi que les militaires. Mais les Vietnamiens de Laï Chau veulent aussi se sauver et se précipitent vers notre avion, le dernier à quitter le poste.
Notre C-47 n’est pas un autobus et il est assuré que nous ne pourrons pas prendre tout le monde. Aussi, je prends un bâton et tente de mettre de l’ordre au pied de l’échelle. Un militaire arrive en courant, auquel je ne peux pas refuser l’accès. Il m’avise qu’il vient de procéder à la mise à feu des charges de destruction autour de la piste, que tout va sauter dans quelques minutes et qu’il y a intérêt à déguerpir rapidement. Pour les neutraliser, on tire encore quelques balles dans les véhicules qui stationnent autour de l’avion, puis, étant parvenu à fermer la porte cargo, je fonce au poste de pilotage pour démarrer les moteurs.
En alerte, prêt à décoller, les deux mains sur le manche, le capitaine DOMPNIER me regarde et attend. Le premier moteur démarre. Vite, le second… Ça ne démarre pas ! J’essaie à nouveau… Rien à faire. Le pilote attend toujours, calmement, mais la sueur ruisselle sur son visage.
Je pense que si ce moteur ne démarre pas, il va falloir abandonner l’appareil, ouvrir les purges d’essence et mettre le feu. Puis partir à pied.
J’essaie à nouveau. Les minutes s’écoulent. Tant pis pour les batteries. J’essaie une nouvelle fois… Teuf… Teuf… Teuf… Ron… Ça y est, ça démarre.
Pas de temps à perdre ! Le pilote me regarde, un signe affirmatif en réponse et il met les gaz très vite. Le C-47 roule… Voici le petit ruisseau qui traverse la piste et les roues quittent le sol juste à ce moment. Il était temps !
Décollage acrobatique. Il faut savoir que la piste — sommaire — de Lai Chau est située en pleine montagne, près de la frontière chinoise. On se pose dans un sens, on tourne et on décolle dans l’autre, sans tenir compte du sens du vent, en passant au-dessus de la rivière Song-Da. Et, de plus, nous sommes alourdis d’un nombre non précisé de passagers…
Au moment où nous quittons le sol, des explosions se font entendre au-dessous de nous tandis que de gros nuages noirs se forment autour de l’avion. Les Viets n’étaient pas loin… C’était « tangent » !
Alors, le capitaine décroche son micro :
– « Ici Fox Victor. Lai Chau. Terminé ».
Il raccroche son micro. Il est en sueur et nerveusement épuisé. Il me passe le manche.
***
Destruction des munitions de Laï Chau 300 tonnes et incendie de 40 véhicules.
Un gros stock de munitions a été oublié dans une école. Un groupe de sapeurs est héliporté sur Lai Chau au dernier moment pour détruire ce stock.
16 h 15
DLO du 1er RCP : Straffing et bombing par 4 chasseurs sur F1.
16 h 30
DLO du 1er RCP : Tir sur Ban Na Loi et tir 100 à 200 m à l’est.
16 h 40
DLO du 1er RCP : mise en place au 105 HM2 des tirs d’arrêts VANNES à l’ouest, TURBINE au nord et ÉCLUSE à l’est de F1.
Il reste seulement autour de Lai Chau environ 25 Cies légères de supplétifs Thaïs soit environ 2100 hommes.
Leur mission couvrir environ 100 km de jungle déserte, les pistes et les sentiers les plus fréquentés sont déjà aux mains des vietminh.
Les Cies comptent environ 110 hommes équipés des fusils, de mitraillettes et de mortiers de 60 mm.
Au total 2 100 partisans Thaïs et 36 européens face à la division 316 et une partie du régiment 148. Avant le lancement de POLLUX, le colonel TRANCART fait commencer le repli des Cies en les regroupant après les avoir équipées de postes radio SCR 694 américains permettant la liaison entre les Cies et de tout l’armement léger en réserve à Lai Chau.
4 groupes dont 3 commandés par des officiers les lieutenants ULPAT, GUILLERMIT et WIÈME le quatrième commandé par le sergent BLANC.
5 – 11 décembre
3 Cies (388, 282 et 295) avec 3 sergents français GUIZIER, BONHIL et LAHALLE couvrent la retraite du reste des troupes de Lai Chau à la passe des Partisans.
Les partisans, montagnards Thaï, ne supportant pas d’abandonner leur familles et leurs villages, désertent très vite.
8 décembre
Le groupe du lieutenant GUILLERMIT, avec 7 Cies de supplétifs Thaï, est accroché au sud-est de Lai Chau à la passe de Pa-Ham dès son départ. Il n’arrive pas à se dégager des troupes Viets qui le harcèle en permanence. Bloqué par les feux venant des hauteur, il demande l’autorisation de se replier. Autorisation, mais trop tard. Au bout de 48 heures de combat, il est détruit.
Les Cies (280/282/412/417/297/389/388) lui ont été affectées en catastrophe sur papier sans les connaître.
Les Cies 389 et 388 étaient commandées par le 2e Tabor de Laï Chau et avaient intégré le groupement le 09/12 au départ du détachement de Thaï blancs. Sur ces deux Cies, 10 hommes et 4 cadres atteindront Diên Biên Phu.
Sur les 5 autres Cies du lieutenant GUILLERMIT, 20 partisans et 8 cadres atteindront Diên Biên Phu.
Un groupe commandé par le sergent ARSICAUD regroupant une centaine de partisans arrive à s’exfiltrer.
Les unités viets de la Division 316 coupent la route Pavie et la retraite.
Renseignements : PC OPS VM arrivé 8/12 à Tuan Giao.
Prévision VM praticabilité route Tuan Giao Dien Bien Phu aux autos jusqu’à PK 40 le 13/12 et jusqu’à PK 64 le 22/12.
1er BEP : Continuation des travaux d’installation. La 17e Cie parachutiste du Génie quitte Diên Biên Phu.
Le GAP 2 est créé avec le 1er BEP, le 8e BPC et le 5e BPVN et placé sous les ordres du lieutenant-colonel LANGLAIS.
Instruction de COGNY du 8/12 : envoi du GAP renforcé vers Moung Pon pour assurer le repli des troupes venant de Laï Chau avec le 1er BEP le 5e BPVN, le reste du 8e Choc et 2 batteries de 105 assistés de 2 Criquet et de 4 B-26.
Le sergent ARSICAUD, lors de plusieurs accrochages, perd la totalité de ses hommes lors des combats ou par désertion. Il durera jusqu’au 19 décembre.
Le lieutenant UPLAT, parti sur la piste Pavie avec ses 6 Cies marchant sur Diên Biên Phu, connut immédiatement de nombreuses désertions. Une partie des Cies qui lui avaient été transférées ne l’ont même pas rejoint. Elles ont peut-être disparu avant de l’avoir rejoint peut être par contact avec le Vietminh.
Posé des 4 premiers Bearcat sur 6 du 1/22 Saintonge.
35e RALP : exécution de tirs au profit de différentes reconnaissances – Tirs de harcèlement de nuit dans la région Nord-Est de la cuvette du 05 au 10 décembre.

19 h 00
Commando 8e BPC : Installation pour la nuit en forêt. Le 3e commando fait mouvement de Poucha à Ban Phatong.
- 2 Morane 500 pour l’observation, un Morane sanitaire et un hélicoptère.
- 1 tour de contrôle mobile
- Arrivée des 12 obusiers de 105 du III/10e RAC, avec les hommes (portée 11 km, poids 2 t).
Le GAP 2 : un raid de nettoyage dans la région de Ban-Lam-Ban et Na-Doï, au sud de la cuvette en ayant pour instruction :
- d’affirmer notre présence et de détruire le maximum de VM; pour interdire la récupération du paddy et du riz par les VM.
- de recueillir des renseignements sur l’identification, le stationnement, les dépôts et les intentions VM dans cette zone.
Au cours de cette sortie, les parachutistes recueillent également un pilote dont l’avion a fait un atterrissage. Le lendemain 09 décembre, après avoir brûlé une tonne de paddy, soumis au harcèlement Viet, le détachement rentre à Diên Biên Phu.
20 h 35 – opération ARDÈCHE
Poursuite progression Groupement A sans incident.
Groupement A : 2/3e REI arrive région Kyou Ya. 4e BCL arrive région Sensouka.
Groupement B : Poursuite de reconnaissance en cours.
2 sorties Morane. 2 Bearcat au profit du Groupement A sur guidage Criquet.
1 hélicoptère de Diên Biên Phu fait 4 rotations au profit du groupement B.
