Nuit du 13 au 14 mars
BÉATRICE : Tirs directs d’infanterie sur la 9 et la 12. Observatoire de la 11 inutilisable.
À la 11, lieutenant TURPIN blessé, radio tué, pas de liaison avec le bataillon. Mortiers détruits. La 9 reçoit des tirs directs.
Destruction des abris insuffisamment protégés par tirs directs de canons de 75 mm ou de SKZ (SUNG KHÔNG ZÂT – canon sans recul) – tirs à moins de 300 m.
À la 9, le lieutenant CARRIÈRE tué.
À la 11, l’infanterie sort des tranchées et progresse à travers les barbelés.
La plupart des abris n’ont pas résisté au 105 mm et au mortier de 120 mm. Presque tous les créneaux ont été détruits par les tirs direct de canon sans recul.
Survivants de la 9 arrivent sur la 12. Lieutenant JEGO tué lors de l’évacuation. Réduite à 25 hommes, la 11e compagnie reçoit l’ordre de se replier sur la position de la 10e compagnie et de la CCB, à l’ouest du thalweg qui traverse la position. Le capitaine NICOLAS commande désormais le bataillon. Il ne reste plus autour de lui qu’une centaine d’hommes valides.
L’avion Luciole tourne toute la nuit et éclaire le champ de bataille
20 h 30
La 10e Cie qui tient le Nord-est de BÉATRICE (BÉATRICE 1) ne répond plus.
Accalmie, lieutenant TURPIN de la 11 évacue sur la 12.
Le point nord-est tombe (BÉATRCE 1).
20 h 40
10 minutes plus tard le point nord-ouest tombe BÉATRICE 4 avec le PC.
Quelques éléments se replient sur le PA du PC sur la position de la 12 où la défense se réorganise en profitant d’une accalmie.
21 h 00
La 11e Cie annonce « Les Viets sont partout et l’on se bat autour de l’abri PC ».
Lieutenant NICOLAS et Lieutenant MADELAIN organisent la défense sur le piton principal de la 12.
Il n’y a plus d’officiers sur BÉATRICE. Le bataillon est commandé par des sous-officiers.
Replis de la vague d’assaut Viet-Minh CR du dernier piton de BÉATRICE. Répits de deux heures, le temps de la relève d’un bataillon par un autre.
21 h 40
Tirs sur GABRIELLE où les Viets paraissent se mettre en place. Tirs d’arrêts.
22 h 00
Tirs d’arrêts amies mis en place sur ISABELLE (105 et mortiers). Attaque pas déclenchée.
Le lieutenant CARRIÈRE est tué. Ses légionnaires, une poignée de survivants, dont de nombreux blessés, se replient sur ordre, vers les positions de la 12e compagnie du lieutenant NICOLAS qui tient BÉATRICE 2.
Pour sa part, le lieutenant TURPIN, blessé, est hors d’état d’assurer ses fonctions.
22 h 35
Actions de commandos paraissent se préparer sur ISABELLE. Ratissage artillerie.
22 h 50
Un Privateer 28F embarque un poste SCR 300 pour liaison avec troupes au sol décolle de Cat Bi. 3h après, environ 2 h 00 du matin bombarde en 500 lbs les abords de BÉATRICE en 3 passes.
Un autre Privateer bombarde en 500 lbs 4km 300 à l’est du Gonio.
Pour les deux appareils guidage sur radio phare.
ISABELLE : Tentatives de mise en place sur le terrain et à l’est stoppés par des tirs d’arrêt. Plusieurs tirs fournis par l’artillerie au profit d’ISABELLE Sud. Les VM arrivent au contact mais aucune attaque n’est déclenchée.
Le sergent Kubiak du 3/13e DBLE : À 23 heures, à son tour, la 1re compagnie doit céder du terrain. Après cinq heures d’un combat intense, la moitié du PA BÉATRICE est aux mains des Viets. L’artillerie française, notamment la 2e CMMLE et la CEPML, assurent, depuis les collines de DOMINIQUE, des tirs de destruction sur les positions conquises, obligeant les Viets à se regrouper au creux d’un ravin entre BÉATRICE 1 et BÉATRICE 3. Là, après une heure de flottement, tous moyens réunis, les régiments 141 et 209 repartent à l’attaque des deux ultimes bastions, BÉATRICE 2 et BÉATRICE 4. Pour les contenir, il ne reste plus que des bribes des 9e et 11e compagnies, soit 45 hommes au total et 102 survivants des 12e et 13e compagnies.
En dépit de leur désespérante infériorité numérique, en dépit aussi du fait qu’il ne reste plus que deux officiers valides (le lieutenant NICOLAS et le lieutenant MADELAIN, commandant la 10e compagnie), la résistance des légionnaires se raidit.
GABRIELLE : Plusieurs tirs d’arrêts entre 22 h 50 et 01 h 45. Des attaques en force appuyés par de très fortes préparations de 105, 75 et 120 sont lancées à 3 reprises à 04 h 40, 05 h 10, 05 h 30. Elles sont chaque fois stoppées par des tirs d’arrêt avec de très lourdes pertes VM.
23 h 00
Liaison radio avec le lieutenant LEMOINE de la 12e Cie et avec le lieutenant, chef de la Cie de Commandement, avec une trentaine de légionnaires autour. Le lieutenant LEMOINE est tué peu de temps après cette conversation.
23 h 30
BÉATRICE : Nouvel assaut lancé sur la 12 extrêmement violent mais stoppé par une mitrailleuse bien placée, qui est détruite peu après par le sacrifice d’un tireur de SKZ.
Les Viets ont grenadé les tranchées et mitraillé chaque embrasure non reconnue avant d’en extraire sana ménagement les défenseurs, mais avec le désir manifeste de prendre les hommes vivants.
Minuit
Les mortiers lourds et les 105 reprennent le tir sur la position principale la dernière colline.
À l’arrêt de la préparation d’artillerie une nouvelle clameur et l’assaut.
Tir des affuts 12.7 mm quadruples pour repousser tentative d’infiltration.
Un message radio tronqué fait croire que la position est tombée.
00 h 15
Chute complète de BÉATRICE, la radio de la 9e Cie se tait après avoir demandé à l’artillerie de tirer sur la dernière casemate L’opérateur est tué par les obus Français.
Les documents Vietminh font état de 300 prisonniers mais signale aussi que les prisonniers ont le regard hagard et que l’hébétude les rendaient amorphes. Recoupé par le journal de marche du III/13e DBLE qui annonce 325 disparus. Mais une estimation d’une centaine de morts confirmé par des prisonniers.
Le sergent Kubiak du 3/13e DBLE :
À minuit et demi, les sections d’assaut de GIAP prennent pied au cœur du dernier bastion. Les légionnaires du 3/13e DBLE se préparent à bien mourir. À deux heure du matin, tout est fini.
Les hommes, seuls ou par petits groupes, essaient de quitter ce qui fut Béatrice pour rejoindre CLAUDINEe ou DOMINIQUE. Parmi eux, le sergent-chef BLAYER. « À peine le tir d’artillerie était-il levé que les Viets étaient déjà dans nos barbelés. Je suis allé prendre des ordres, mais le blockhaus du lieutenant CARRIÈRE était écroulé par des tirs directs de bazooka ou de SKZ. Le lieutenant lui-même était tué et les commandes des charges défensives hors service. J’ai essayé de prendre contact avec le lieutenant JEGO, en vain. Et puis, je me suis retrouvé en-face des Viets que j’ai accueillis à coups de « colt ». Une grenade m’a explosé entre les jambes.
J’ai alors tenté de me frayer un passage de la 10e compagnie où se trouvait aussi le PC du bataillon. Au passage, j’ai récupéré QUINARD MERCKS et quelques légionnaires. La liaison fut difficile il y avait peu de communications entre les pitons et les barbelés qui nous gênaient. Mais nous sommes quand même à temps pour épauler les derniers défenseurs de la 10e compagnie, déjà submergés par les vagues d’assaut viets. Alors, nous nous sommes repliés, par la RP 41, vers DOMINIQUE.
Les Viets capturent le lieutenant LEUDE, médecin du 3/13e DBLE, seul debout au milieu des morts et des blessés.

Des groupes de légionnaires sur le point d’être encerclés se jettent dans les talweg et un certain nombre rejoignent les troupes françaises sur DOMINIQUE. Les autres se dissimulent jusqu’au jour et sont recueillis.
00 h 30
Le régiment 209 est entièrement maître de BÉATRICE.
Le silence s’installe, fin des bombardements fin des tirs.
01 h 20
Arrêt de la résistance à BÉATRICE.
02 h 00
Le sergent KUBIAK et ce qu’il reste du 3/13e DBLE abandonnent BÉATRICE. Ils décident d’aller se cacher dans la jungle en attendant le jour.
Un Dakota du 2/64 Anjou n° 560 FU : sergent DARDOT, pilote ; lieutenant VITTE, navigateur et chef de bord ; avec comme IPSA (Infirmières Pilotes, parachutiste et Secouriste de l’Air) Jacqueline « Jaïc » DOMERGUE et une infirmière parachutiste de la Croix Rouge française se pose sans bruit et embarque 19 blessés installés sur un GMC.
Il vient d’effectuer 3 allers-retours dans la journée et 8 h 20 de vol.
02 h 25
Le QG du général COGNY est informé de la chute de BÉATRICE et de la mort du lieutenant-colonel GAUCHER.
110 légionnaires de BÉATRICE arrivent sur DOMINIQUE 1 (peut-être 94 B. Fall)
Sans autre formalité les survivants se voient remettre un fusil une cartouchière et une musette de grenades. On leurs donne l’ordre de repartir immédiatement avec les Cies qui montent à l’assaut de BÉATRICE. Certains en seront tellement choqués qu’il déserterons.
Sur GABRIELLE, les défenses ne sont pas entamées et les tirs d’arrêts sont en place.
Il est consommé :
- 17 500 coups de 105,
- 9 600 coups de 120,
- et 2 200 coups de 155.
02 h 45 à 05 h 00
Six B-26 en 500 lbs, en trois patrouilles, bombardent. Guidage par radio phare.
03 h 00
Explosion d’une soute essence du GC 1/22 Saintonge.
Pendant la nuit, le tir Vietminh se concentre plus particulièrement sur la alvéoles des Bearcat, au matin seul peut être réparé le O et le C du 2/22 ainsi que le H de l’EROM 80.
De gros nuages planent le matin sur la vallée interdisant l’atterrissage des avions de ravitaillements ainsi que les reconnaissances sur la vallée.
Dès le 14 mars, la faiblesse du guidage radiogoniométrie est évidente sur Diên Biên Phu, d’autant plus que le plafond nuageux est à moins de 300 pieds soit une centaine de mètres environ. Pour un avion volant à 400 km/h, cette distance représente moins de quatre secondes de vol. Il est aisé d’imaginer le stress des équipages dans ces conditions, qui sera la généralité de l’appui et du ravitaillement sur Diên Biên Phu durant une grande partie de la bataille….
Mauvais temps sur Hanoï : 30 mn d’attente entre avions pour percer aux instruments.
Le médecin GRAUWIN ACM 44 réclame par message urgent 10 litres de sang, 50 millions de pénicilline et 500g de streptomycine.
Plus de sang en réserve pour les opération, reste 4 litres en réserve.
05 h 00
Décollage de l’avion du général NAVARRE de Saïgon vers Hanoï en passant par Seno pour une réunion.
05 h 19
Colonel DE CASTRIES – message : envisage de reprendre BÉATRICE dès réception bataillon de renfort et selon situation.
05 h 30
Bombardement par artillerie et mortiers. Mise en place de troupes signalée au sud-est, dispersée par nos tirs.
Dimanche 14 mars – 06 h 00
Période de calme au lever du jour l’artillerie Viet s’est tue.
À l’aube, les chars Bazeille et Mulhouse se postent de part et d’autre de la RP41 mis en place à hauteur des 2 DOMINIQUE Hauts pour préparer le débouché d’une contre-attaque ou pour assurer au minimum le recueil d’éventuels rescapés.
150 blessés recensés dans la garnison.
V/7e RTA GABRIELLE : Nous observons le renforcement, l’approfondissement et le rapprochement du système de tranchées VM au nord et à l’est du PA. Une importante organisation du terrain est décelée en 753-703, genre PC.
06 h 18
Lever du soleil.
Entre 06 h 30 et 07 h 00
Arrivée du lieutenant TURPIN – 11e Cie du III/13e DBLE – gravement blessé venant de BÉATRICE. Il est aperçu par les guetteurs de DOMINIQUE. Il est couvert de bandages mais arrive à marcher avec un message Vietminh du commandant de la Division 312 proposant une trêve de 8 h 00 à midi afin de récupérer les morts et les blessés.
Le commandant DE MECQUENEM veut empêcher que les Viets fassent à l’ouest des travaux d’organisation importants en vue d’une meilleure base de départ. La 2e Cie désignée pour la mission.
Patrouille GABRIELLE : emplacements occupés de part et d’autre du CR. Sortie aux premières heures du jour, par la face sud-ouest, direction Ban Khé Phai.
À peine la Cie déployée dans la rizière, elle est fortement accrochée par un tir nourri d’armes automatiques. Manœuvre pour échapper au tir. La Cie s’élance sur Ban Khe Phai où elle déloge les Viets et détruit tout ce qui peut être détruit.
Mission : bousculer le VM sur toute la zone à l’ouest de GABRIELLE et de la piste Pavie jusqu’à la côte 526. Combats acharnés toute la journée, atteinte de la côte 526 dans l’après-midi.
07 h 30
Au PC GONO règne un flottement par la soudaineté de la chute de BÉATRICE et par l’ébranlement nerveux d’un bombardement intense.
Le colonel DE CASTRIES demande à Hanoï la conduite à tenir pour la trêve. La trêve est autorisée.
Ciel bouché pas d’appui aérien pour une contre-attaque non prévue et non organisée.
Le 23e GAO doit faire travailler les MO 500 depuis Muong Saï au profit du GONO aux ordres de Torri Rouge. Dès le jour le Criquet du 21e GAOA est en l’air, découvre les emplacements de batterie vers Ban Na Tau occupés – Traités par l’artillerie – 3 tracteurs se déplaçant sur la route touchés et incendiés au 155 mm – Nécessité absolue de les traiter en bombes 1000 lbs – Très forte DCA de 37 mm sur nord et nort-est cuvette – Harcèlement continu sur DZ RITA – Sur piste et PC et artillerie.
07 H 45 : bilan des tués et blessés de la nuit
- 5/7e RTA : 2 Nord-Africains tués + 4 dans la nuit, 1 officier médecin blessé, 1 S/O SP et 11 Nord-Africains.
- BT3 : 2 tués + 1 disparus
- Cie Cdt GM9 : 3 officiers + 1 légionnaire tués, 2 officiers blessés
- 3/10e RAC : 3 blessés dont 1 officier
- 2/4e RAC : 2 tués 5 blessés
- Cie Mortier 120 Légion : 13 tués dont 3 officiers, 17 blessés dont 2 officiers.
- 8e BPC : 2 tués, 15 blessés.
- BT2 : 1 officier tué – lieutenant PRUDHOMME.
- Sous-secteur Sud : 2 légionnaires tués, 5 blessés.
- Récupérés de la 3/13e DBLE : 1 officier blessé, 95 légionnaires.
- ISABELLE : 2 tués, 5 blessés.
08 h 00
Un bimoteur SIEBEL de l’ELA 53 Cdt Devoucoux, sergent-chef CARRER se pose à la troisième tentative, sous les tirs de mortiers, apportant des médicaments et du sang frais 10 litres. Paule BOURGEADE, secrétaire du colonel DE CASTRIES embarque avec 4 blessés. Pas de blessés couchés.
09 h 00
Départ du convoi sur BÉATRICE.
Sur les collines, 300 corps de légionnaires, plus aucun matériel, pas de corps Vietminh mais 14 légionnaires blessés dont un meurt immédiatement et 3 morts.
Le Vietminh a fait sauter toutes les installations et récupéré tous les matériels
De prisonniers ont pu voir les flancs de BÉATRICE couverts des corps viets.
Giacomo SIGNORONI : « En qualité de Chef de la Section Pionniers, je fus convoqué par le lieutenant BACQ, commandant la CCB (Compagnie de Commandement du Bataillon) du 1/13 DBLE (1er bataillon de la 13e demi-brigade), le 14 mars 1954 vers 8 heures. Etaient présents : le chef de bataillon BRINON, commandant le 1/13 DBLE, le lieutenant DE CHAPOTIN, officier de transmission du 1/13 DBLE et le capitaine STERMANN, médecin-chef du 1/13 DBLE.
Une trêve venait d’être signée jusqu’à midi. Le lieutenant BACQ me donna des explications sur ma mission : Rassembler au complet sans armes. Tenue de combat, casque lourd, toile de tente, couverture, bidon plein d’eau, le maximum de brancards, pelles de campagne.
Pas d’insigne de l’unité et de grade. Mais les officiers revinrent sur ce dernier point devant ma ferme attitude à vouloir conserver les insignes de grade.
Ma mission consistait en les éléments suivants : Me rendre sur le PA BÉATRICE – le camp retranché de Diên Biên Phù était entouré de PA aux noms de GABRIELLE, ANNE-MARIE, HUGUETTE, DOMINIQUE, ÉLIANE, CLAUDINE, BÉATRICE, Françoise et Isabelle – perdu la nuit du 13 au 14 mars 1954, après de durs combats.
Récupérer les blessés, les morts, reconnaître les corps et en particulier ceux des officiers. Me rendre compte de la situation sur le PA BÉATRICE.
Deux Dodge 6×6 furent mis à ma disposition, plus une Jeep pour l’équipe médicale, dirigée par le capitaine STERMANN, assisté du caporal infirmier SGARBAZZINI et deux infirmiers de son équipe médicale. L’organigramme de ma section était ainsi composé :
- Moi-même, adjudant SIGNORINI.
- Sergent TRUMPER (qui fut tué le 17 mars 1954).
- Caporal-chef Miguel LEIVA.
- Caporal Joss MIRKO.
- Les légionnaires : GUTIEREZ, PREGATI, CLÉMENT, REDINA, BOSIO, BLANC, ANDREIS, NITCH, RADWASKI, et d’autres encore dont les noms m’échappent plus de cinquante ans après les faits. »
En direction du PA BÉATRICE.
« À 9 h 00, à bord de nos véhicules, nous démarrâmes en direction de l’antenne chirurgicale où nous retrouvâmes l’équipe médicale du capitaine LE DAMANY, médecin-chef de la 13e DBLE, ainsi que le Père TRINQUANT, aumônier de la demi-brigade. En tête du convoi se trouvaient les quatre véhicules de l’équipe médicale, battant pavillon de la Croix Rouge : la Jeep du capitaine LE DAMANYy, une ambulance, la Jeep du capitaine STERMANN et le véhicule du Père TRINQUANT. Suivaient mes deux Dodge plus un camion GMC pour les légionnaires.
Le convoi prit la direction du PA BÉATRICE. Un kilomètre avant l’arrivée sur le PA, je remarquai deux emplacements de mines antichars, de chaque côté de la route, ainsi que plusieurs autres pour des armes automatiques, et en particulier des SKZ, placés à mi-hauteur sur les pentes qui surplombaient le chemin. De même, je vis des recoins de combats, destinés certainement à une compagnie pour une embuscade. Tous ces dispositifs ne pouvaient être là que pour nous empêcher de dégager BÉATRICE.
À l’entrée du PA, la barrière était fermée. La chapelle était intacte. Par contre, le terrain tout autour était labouré par les obus et les mortiers. Notre convoi stoppa à la chapelle. Je fis mettre pied à terre et disposait les véhicules pour le retour. Ordre était donné aux chauffeurs de ne pas bouger, prêts à toute éventualité.
Sur BÉATRICE même, régnait un silence pesant. Un silence de mort et de désolation. Les abris étaient démolis, les tranchées pleines de terre, à la suite des éclatements des obus ou des grenades. C’était évident : la lutte avait dû être dure et farouche. Mais, en dépit de ces images de dévastation, j’avais un sentiment étrange : il y avait une présence vivante autour de nous. Était-elle amie, ennemie ? Nous partageâmes cette intuition. Aussi, disposais-je mes légionnaires en plusieurs équipes, et nous commençâmes la montée sur BÉATRICE. Nous progressions difficilement, fouillant avec minutie les abris à la recherche de survivants.
Avec l’équipe du caporal-chef LEIVA, je me rendis à l’abri du PC (poste de commandement) du commandant PEGOT, situé au sommet du point d’appui. Le Père TRINQUANT me rejoignit. Le toit de l’abri était effondré ; les créneaux et l’entrée étaient bouchés par des éboulements. Il était impossible de constater si des corps se trouvaient sous les décombres. Je présumai que les restes du commandant PEGOT, du capitaine PARDI étaient ensevelis, avec tous les occupants du PC. »
Face-à-face avec un officier Vietminh
« Je descendis vers la rivière appelée Nam Youm (il faut la traverser en quittant le PC du général DE CASTRIES, BÉATRICE étant une des collines les plus éloignées). Partout régnait ce même silence de mort. À mi-chemin, un officier Vietminh, dont j’avais remarqué la présence (certainement un commissaire politique) m’interpella et me signala que sur cette piste se trouvaient trois blessés, abandonnés, surpris comme les autres par l’attaque de nuit. Mais pour quelle raison auraient-ils été laissés là, alors que, visiblement, les Bodoïs avaient emporté les morts et les blessés du Corps Expéditionnaire ? Tout à ma mission, je remontai vers le sommet du PA et, face à la chapelle, nous trouvâmes un mort, à moitié enseveli sous les décombres. Je ne découvris pas son identité.
Le même officier Vietminh m’interpella à nouveau et m’indiqua que tous les survivants officiers, sous-officiers et légionnaires avaient été conduits vers des camps de captivité, les blessés vers des infirmeries et des hôpitaux, et que les morts avaient été ensevelis dans les abris effondrés et dans les tranchées. À ma demande sur le sort des officiers, sa réponse fut la suivante : « Tous les prisonniers seront bien traités chez nous ». Puis, il me confia une bouteille de rhum en me disant : « Pour vos blessés ». Enfin, il me serra la main et me souhaita bonne chance.
Plus de cinquante ans après, je me pose encore la question : comment cet officier ennemi a pu s’adresser à moi, alors que j’étais en mission, et entouré de trois officiers, portant bien visibles leurs galons ? Peut-être s’agissait-il encore une fois de cette philosophie vietnamienne dont on parlait tant.
Vers 11 h 00, un tir d’artillerie fut déclenché depuis les camps retranchés. Les obus de 155 visaient les collines entourant le camp retranché de Diên Biên Phù. Alors qu’un cessez-le-feu était en vigueur, pourquoi ce tir, sachant que des éléments français se trouvaient en ce moment même en zone Viet pour effectuer une mission humanitaire. Nous continuâmes rapidement nos recherches et nous récupérâmes les trois officiers dont avait parlé notre ennemi. Il s’agissait des lieutenants PUNGIER, JEGO, et CARRIÈRE. Mais le temps de notre mission étant compté, nous dûmes rentrer à la base non sans avoir essuyé un nouveau tir d’artillerie à hauteur de l’antenne chirurgicale. Nous eûmes à déplorer un blessé léger.
Et je rendis compte de ce que j’avais vu à l’officier des renseignements et retrouvai mon unité vers midi. Plus de cinquante-cinq après, mon cher RIGNAULT, je tiens à préciser une fois pour toutes et en particulier à ceux qui écrivent des bons livres, que les artisans de cette mission sont bien ceux cités et non d’autres. Il s’agissait bien de la 13e DBLE et en particulier de la Section Pionniers ».
10 h 00
Retour du convoi de BÉATRICE.
Bilan : sur les 750 hommes, il n’a survécut que 2 lieutenants et 192 hommes de troupe soit 6 officiers tués un blessés et quatre prisonniers, 80 blessés et tués restés sur la position et 250 prisonniers.
La position a entièrement été nettoyée de tout l’armement et le matériel ainsi que des morts et blessés viets.
Les rescapés des 9e et 10e Cie vont s’installer avec le 1/2e REI sur HUGUETTE ceux de la 12e et 11e ainsi que la Cie de commandement se rendent au PC de la demi-brigade.

Du 3/13e DBLE, il reste en plus la section de garde du GONO et le peloton d’élèves gradés sur le CR central et le service auto.
Le moral est très bas le 17 mars, 2 légionnaires de la 10 désertent HUGUETTE sans armes et début avril 10 autres légionnaires du 3/13 passeront à l’ennemi.
Le duel d’artillerie a coûté 6 000 obus de 105, soit le ¼ du stock.
11 h 30
Ouverture de route réalisée vers GABRIELLE et ISABELLE.
Retour du lieutenant MOISSINAC, journaliste de « Caravelle ». Il découvre au GONO la stupeur et l’abattement.
Reconnaissance du 1/2e REI à 2 km à l’ouest de la cuvette HUGUETTE, découvre de nombreux emplacements de combat entre Ban Gang et Ban Cong.
Reconnaissance du 1/4e RTM sur la côte 544 à 1500 mètres à l’est d’ÉLIANE : découvre des traces sanglantes et emplacements VM.
ISABELLE accroché à l’est du terrain d’aviation et ouest de la rivière.
Évacuation des blessés de la nuit de GABRIELLE dont le médecin.
GABRIELLE : Les VM sont pris à partie dans les organisations du terrain par l’armement du PA.
Récupération de 14 blessés et 3 tués à BÉATRICE. Nombreux débris sanglants autour PA BÉATRICE.
8 largages de jour de matériel et 2 de napalm par un C-119.
43 largages de jour par C-47 et 7 par avions civils.
Criquet en l’air découvre emplacement de batterie au nord vers Ban Tau. Traités par l’artillerie, 3 tracteurs VM se déplaçant sur la route sont touchés et incendiés.
Très forte DCA de 37 mm au nord et nord-est de la cuvette. Harcèlement continus sur DZ, pistes, PC et artillerie.
Intention de réoccuper BÉATRICE dès que possible. Parachutage renforts prévus cet après-midi.

L’équipage du H-19 reçoit la mission de recueillir les blessés sur les points d’appuis.
Lors de l’inspection l’équipage se rend compte que deux pales du rotor principal sont endommagées. La mission est annulée.
ISABELLE est accrochée à l’est du terrain d’aviation et à l’ouest de la rivière
Les patrouilles confirment que GABRIELLE est cernée.
Dans la journée
Les partisans Thaï de DEO VAN LONG, qui avaient été évacués de Lai Chau, avec sa garde domestique, sa maison militaire et ses boys, s’échappent par les portes sud du camp. DEO VAN LONG est parti le 12 par avion à Hanoï.
13 h 00
2 Hellcat de l’aéronavale bombardent à 6 km à l’est de la piste sans guidage, au cap montre en bombes de 250 livres et roquettes.
Décollage des 43 Dakota pour largage 5e BPVN.
Les transmetteurs de la CTA 814 réparent les haubans du mat rayonnant haut de 21 m pendant l’accalmie. GUERIN décide de regrouper le personnel de transmission aux abords du PCIA. Station Gonio remontée dans l’escalier de l’abri. Le Dodge 6×6 du radiophare assure le transport du matériel.
Le PA BÉATRICE était couvert par les canons lourds de 155 mm d’ÉLIANE bas qu’il faut rapatrier dans le réduit central, amenuisant l’efficacité des pièces et aussi leur vision.
13 h 35
2 B-26 décollent pour protéger le parachutage.
14 h 00
5 C-119 arrivent pour larguer, sous un violent orage, sans moyens radio. Ils larguent 30 tonnes de ravitaillement. 8 rotations de C-119 sur les 18 habituelles, dû a une grève des pilotes américains.
Seuls peuvent être réparés les Bearcat « O » et « C » du 2/22 et le « H » de l’EROM 80. Les 3 Bearcat dépannés pilotés par le lieutenant PARISOT et l’adjudant-chef FOUCHÉ et le sergent BRUAND démarrent directement dans les alvéoles, les barbelés coupant le chemin de la piste et décollent dans la foulée sans laisser le temps à l’artillerie de les empêcher. Ils vont directement se poser à Cat Bi (Haïphong).
Immédiatement tir sur les alvéoles l’Alpha touché de nouveau, le Mike et le Sierra et le Papa devenant irréparables.
Création de DOMONIQUE 4 au nord-est du 8e Choc, dans une boucle de la NamYoun par le capitaine SALINS.

L’artillerie vietminh se concentre sur les avions et sur la piste.
Les 6 derniers Bearcat sont détruits, la tour de contrôle démolie ainsi que le radiophare de guidage pour atterrir de nuit. Un hélicoptère est endommagé sur la piste et un autre légèrement alors qu’il essaie, près de l’hopital, d’enlever des blessés.
Les opérations aériennes sur la cuvette se passent dans des conditions délicates, du fait de l’importance des moyens déployés. Les C-47 embarquent des « lucioles » pour épauler les défenseurs de nuit, alors que les chasseurs de l’aéronavale bombardent des emplacements d’artillerie, désignés le plus souvent par des fumigènes. Malgré le courage des Pingouins de l’aéronavale, qui plongent leurs F-4 et S B D sur les contours des PA, les liaisons sont mauvaises avec le sol. Le PCIA « Torri rouge » est débordé par le nombre d’appels et celui des avions dans le circuit.
2 chasseurs marine en 500 Lbs bombardent à 7 km au Nord de Diên Biên Phu : résultats non apparents
2 Privateer en 500 Lbs bombardent sur une concentration VM en TJ 948 726 (15 km au nord de Diên Biên Phu)
2 chasseurs marine en 500 lbs bombardent sur la DCA résultat non observé.
14 h 00
V/7e RTA GABRIELLE : Le DLO reçoit l’ordre d’adapter les tirs d’arrêts en fonction des organisations VM rapprochées, en liaison avec les commandants de Cies.
14 H 46
Début largage des premiers renforts vague par vague à 120 m entre 120 et 200 m. Le 5e BPVN du commandant BOTELLA largués entre ISABELLE et ÉLIANE 2 sur NATACHA et sous le feu d’une DCA active. 460 hommes par 20 Dakota du Franche-Comté, 115 hommes par 5 Dakota de l’Anjou 116 hommes par 5 Dakota du Sénégal 45 hommes par 2 Dakota du Béarn. Total largué 736 dont 583 à 21/74/553 du 5e BPVN. Mais seulement 65 français 10/35/20.
L’artillerie bombarde au mortier les zones de saut. La 1re Cie et la Cie de Commandement subissent des pertes importantes : 2 tués et 10 blessés.
Le médecin ROUAULT du 5e BPVN a poussé une colère avant de monter dans l’avion parce que son infirmer, distrait, lui a pris son parachute. Le parachute de l’infirmier ne s’ouvre pas (Sueur rétrospective).
La seconde vague est détournée sur ISABELLE et larguée sur SIMONE et sur 4 km. Des kilomètres de marche en zone d’insécurité avec des accrochages en chemin en portant le matériel et les blessés ; avec des Vietminh embusqués qu’il faut éliminer pour remonter vers le centre.
Le 5e BPVN est affecté sur ÉLIANE 4 où tout est à créer. Arrivée des derniers en fin d’après-midi à la nuit tombante. Plus un arbre plus un brin d’herbe, un œuf. Tout le monde creuse son trou. Pierre ROUAULT, médecin chef 5e BPVN.
Le B-26 n° 487 D du 1/19 Gascogne en retour de Diên Biên Phu, après avoir protégé le parachutage du 5e BPVN et largués des bombes de 100 livres incendiaires, disparait dans la jungle dans la région de Son La : équipage tué sur la route du retour capitaine Louis AUBEL (pilote), sergent-chef Gilbert GENOT (co-pilote), lieutenant Guy LAVIGNASSE (navigateur).
1 Privateer en 500 Lbs bombarde à 6 km au nord de Diên Biên Phu : résultat non observé.
GABRIELLE : une pièce mortier explose tuant tous les servants dans l’après-midi. Déjà deux pièces de moins sur GABRIELLE.
Veillée d’arme : on voit les Viets dans les tranchées au nord et à l’est.
LANGLAIS fait dégager son abris et le fait recouvrir de 2 m de terre et de rondins.
Des équipes de transmissions fixent les lignes téléphoniques contre les parois des tranchées.
Dans la matinée les stocks de munitions et ravitaillement de GABRIELLE ont été accrus de façon à lui permettre de tenir 4 jours.
Les batteries du 2/4e RAC sont pointées sur l’étranglement de la vallée (le Goulet) ainsi que sur les profondes tranchées d’approche que le Vietminh vient de creuser au pied du PA GABRIELLE.
2e Cie V/7e RTA – ouest GABRIELLE : La résistance devient plus forte à l’approche de 526. L’ennemi est déjà bien enterré et organisé. Très dur accrochage.
DECORSE en tête de la Cie. Il dispose de 5 lance-flammes ramené à 4 car un est perforé par une balle ennemie.
Lance-flammes en action mais sans grande efficacité ; l’organisation du terrain étant déjà bien avancée. Les groupes se lancent à l’assaut.
15 h 00
Evacuation des 4/5e des PIM de GABRIELLE sur ordre du commandant DE MECQUENEM vers le GONO.
Bombardement de 3 Hellcat bombardent même secteur 6 km à l’est de la piste.
Parachutage de l’ACP 3 : médecin lieutenant REZILLOT prévu sur ISABELLE. Erreur de largage : largué sur le centre dans le réseau de barbelé du centre principal.
8 parachutes dans les barbelés, pas de blessé. Doivent se dépêtrer tout seul et rejoindre le centre. 20′ après embarquement dans GMC en provenance de ISABELLE avec les blessés pour l’hôpital, partent en camion pour s’installer sur ISABELLE.
8e BPC : 4 blessés.
Un Dakota, le 824 GL du GT 2/64 Anjou, se pose face au nord (pour récupérer les équipages des 2 Dakota détruits la veille sur la piste) fait un 180 degré et laisse tourner les moteurs. En zigzaguant un GMC amène les équipages qui embarquent sous les bombardement sans embarquer de blessés. Au poser, constatation que la partie arrière du fuselage et l’empennage sont criblés d’impacts : 16 obus sont comptabilisés pendant l’opération.
Un Dakota, le 878 FF, se pose pour embarquer les blessés qui attendent dans des trous le long de la piste l’avion reste moteur tournant.
Un premier obus tombe à 50 m derrière l’avion ; la civière est glissée dans l’allée et les blessés chargés. Un obus tombe devant l’appareil l’avion accélère. Le 3e obus tombe à l’emplacement qu’occupait l’avion qui enlève 20 blessés.
EVASAN du 14 mars : 20 blessés.
Une nouvelle DZ « SONIA » est créée au pied d’ÉLIANE 2 à la suite du largage raté du 5e BPVN. La piste très abimée : atterrissages impossibles. Elle ne sera réparée que le 17.
Aucune évacuation sanitaire entre le 13 et le 17.
16 h 00
Orage.
V/7e RTA GABRIELLE : Les commandants de Cies sont avisés que l’attaque VM se déclenchera pour GABRIELLE dans la nuit à venir. Les mesures suivantes sont prises : Toute la circulation sur la PA devra se faire dans les tranchées à partir de 16 h 30. La soupe sera distribuée pour 17 h 00. À partir de 17 h 30 les hommes aux emplacements de combat devront s’attendre à subir un violent bombardement VM.
16 h 10
Arrivée du général NAVARRE à Hanoï.
16 h 15
Harcèlement par artillerie sur l’ensemble de Diên Biên Phu.
17 h 00
Décollage du Dakota Luciole de Hanoï comme tous les soir et pour toutes les nuits à venir. Il sera suivi chaque nuit par 4 ou cinq autres Dakota pour parachuter les fusées éclairantes sur le champ de bataille.
Un dernier camion de munitions rejoint GABRIELLE sans voir aucun Viets.
Arrivée du nouveau toubib le 3e en 2 jours sur GABRIELLE, le légionnaire SOLDATI, élève interne Autrichien (sera tué le 15 mars entre 4 h 15 et 4 h 30 dans la salle de pansements infirmier de la Légion. Ce dernier bénéficie d’une grande expérience des combats et réorganise immédiatement son infirmerie.
Retour de la 2e Cie du V/7e RTA sur GABRIELLE après les combats à l’ouest du PA. La Cie passe les chicanes d’entrée du PA 10 tués et 1 blessé.
Le 1er obus de 105 tombe entre la popote et le PC de la 2e Cie.
Repas sur GABRIELLE. Distribution des munitions. Il y a 4 jours de vivres et munitions.
V/7e RTA GABRIELLE: Le chef de bataillon fait matraquer l’organisation, repérée le matin en 753-703. Durant toute la journée exécution de tirs de CPO prévus sur la vallée de Ban Na Ten.
L’atout-maître de ce bataillon résidait dans son expérience au combat, car de nombreux tirailleurs étaient des anciens de la campagne d’Italie ou comptaient déjà un séjour en Indochine. Il bénéficiait, d’autre part, d’un encadrement complet et expérimenté, ce qui n’était pas le cas d’autres unités du camp retranché.
GABRIELLE dessinait un ovale. Chacune des 4 Cies assurait la défense d’un versant. Les armes automatiques sont nichées à flanc de coteau pour atteindre le bas de la pente. Sur la crète les supplétifs du bataillon, la Cie de commandement et la 2e Cie de mortiers de 120 mm du 5e régiment étranger agissant de ses feux sur le centre de résistance. Le commandant MECQUENEM a fait aménager un PC de rechange dans l’abri de la popote officiers.
L’officier DLO avait ajusté les tirs d’arrêt et des tirs de contre préparation offensive (CPO) avaient été effectués sur des zones de rassemblement Viet prévisibles.
Le colonel DE CASTRIES se trouve au PC artillerie du GONO pour suivre et épauler, toute demande de tir fonctionne correctement.
GABRIELLE avait déjà subi des pertes la nuit du 13 au 14 mars pendant l’attaque de BÉATRICE avec une vingtaine de blessés et tués mais aussi une dizaine de tués et blessés dans la journée du 13 plusieurs tués et blessés dans la journée du 11 mars. Le bataillon n’est pas au complet.
Le commandant DE MECQUENEM est au commandement du V/7e RTA en fin de temps de commandement mais son remplaçant le commandant Kha est présent pour la prise de consignes.
17 h 30
GABRIELLE : Mise en place des hommes à leur poste de combat.
Contact avec le GONO. Secteur nord demande un appui massif d’artillerie pour la nuit suivante si nous en avons besoin. Toutes les unités alignées à 4 UF.
18 h 00
Bombardement : Le tir de préparation ennemi commence, il va durer jusqu’à 4 heures du matin, bouleversant complètement les blockhaus et les réseaux de barbelés. Bombardement sur le terrain. Bombardement sur GABRIELLE, CLAUDINE et la zone des PC emplacement d’artillerie et terrain d’aviation.
6 B-26 bombardent au Top, bombes de 1 000 Livres.
Soudain attaque de GABRIELLE par la Division 308. Le régiment 88 (Tam Dao) agit sur les pentes nord de GABRIELLE. Le régiment 165 (Dong Trieu) de la division 316 qui n’avait pas été engagé sur BÉATRICE rattaché à la division 308 effectue une attaque sur le flanc sud-est de Doc Lap (nom Viet de GABRIELLE)
À 3 km de GABRIELLE, au nord, une batterie de 105 met tous ses coups au but, notre contre batterie est inexistante. Faute d’une bonne observation les 155 ne peuvent réaliser un tir efficace.
De puissantes bases de feu sont détectées à l’ouest sur la côte 526, sur mouvement du terrain du piton sonnette. Au nord de GABRIELLE, au village rasé, sur la côte 633, au choum choum Bouddha. À l’est dans le village rasé et le système de tranchées situé au sud-est du PA. Des armes lourdes sont détectées : l’importance d’un bataillon de 120 mm tirant du nord région de Ban Na Tu et de l’est côte 701.
Les tirailleurs du 5/7e RTA restent à leurs postes de combat, malgré la poussière et le bruit assourdissant.
La brousse était à 200 m de BÉATRICE et à 600 m de GABRIELLE les Viets ont pu installer des bases de feux sans que nous puissions les voir. Mais ils ont été obligé de creuser les tranchées d’approche depuis plusieurs jours.
Météo très défavorable un orage violent dans la nuit.
Liaisons radio intermittentes la Gonio a été remplacée plus de 10 fois dans la nuit aucun éclairage correct de l’avion luciole n’a été réalisé.
Des mortiers lourds tirent du nord depuis Ban Na Ten et une batterie de 105 à moins de 3 km.
Le martelage est plus sensible au nord et au nord-est.
La 4 demande des tirs dans ses barbelés. 2 sections thaïs de renforts doivent être envoyées vers la 4 avec des moyens non réglementaires.
Le tir d’arrêt a été engagé, les 105 tombent à 20 mètres devant nos lignes.
Les 81 tirent presque à la verticale.
Les Viets utilisent beaucoup d’obus au phosphore qui permettent en plus de bien situer les impact et choquent les hommes.
Le Bawouan se regroupe sur ÉLIANE 4, qui n’existe pratiquement pas, les hommes sont épuisés et creusent leurs tranchées Des orages se sont déclenchés dans l’après-midi ils se couchent dans la boue. La moitié des hommes n’a pas encore rejoint la position.
Bombardement de 6 B-26 en 1 000 livres.