Parmi les évacués du 25 mai se trouvent 12 Vietnamiens très gravement blessés. Dans la journée, 151 blessés évacués dont 4 officiers.
Dont 1er BEP : 5 légionnaires européens, 3 sergents-chefs, 1 sergent, 2 caporaux-chefs, 1 Volontaire autochtone.
149 blessés de Diên Biên Phu évacués. Parmi se trouvent 2 officiers et 74 Vietnamiens.
Dont 1er BEP : 1 caporal-chef européen, 4 volontaires et 1 caporal autochtones.
Ces 858 blessés, selon certains documents, ont été évacués par avions légers et hélicoptères.
Tous les avions légers d’Indochine ont été réquisitionnés pour réaliser la navette entre Diên Biên Phu et Muong Saï ou Luang Prabang et de là, par Dakota, vers les hôpitaux de Hanoï ou une grande partie ont été réopéré en urgence pour certain.
Etat numérique des militaires blessés évacués de Diên Biên Phu : 11 officiers, 183 sous-officiers, 664 hommes de troupe. Total de 858. (858 blessés + Mademoiselle DE GALARD soit 624 Européens dont 11 officiers, 150 Nord-Africains, 84 Vietnamiens).
- 275 Français : 10 Officiers subalternes, 85 sous-officiers, 180 hommes de troupe (Total 275).
- 347 légionnaires : 69 sous-officiers, 278 hommes de troupe.
- 109 Algériens : 5 sous-officiers, 104 hommes de troupe.
- 36 Marocains : 3 sous-officiers, 33 hommes de troupe.
- 8 Africains : 8 hommes de troupe.
- 77 Vietnamiens réguliers et armée vietnamienne et supplétifs : 2 sous-officiers 75 hommes de troupe.
Obsèques à l’hôpital Lanessan du volontaire Than Van Noi (évacué de Diên Biên Phu) mort des suites de ses blessures. Un piquet rend les honneurs.
Le commandement vietminh, par message radio diffusé le 30 mai, nous fait connaître qu’il était prêt à libérer 27 personnels sanitaires précédemment laissés à Diên Biên Phu à la garde de nos blessés. Après préavis donné par Radio Hirondelle, le Médecin Colonel DELORME s’est rendu à Diên Biên Phu dans la journée du 31 mai.
Evacuation du personnel sanitaire 27 dont un médecin commandant par 4 hélicoptères :
- Médecin commandant Paul GRAUWIN,
- Médecin capitaine Pierre LE DAMANY.
- Médecin Lieutenant Emile PONS.
- 24 sous-officiers et soldats.

Dissolution du IIe Groupe du 4e régiment d’artillerie coloniale.
Des militaires rapatriés sanitaires embarquent au départ de Saigon sur le navire-hôpital américain « Oregon » à destination de la France :
- 5 du 1er RCP,
- 5 du 8e BPC,
- 5 du 6e BPC,
- 2 du 1er BPC,
- 1 de la 13e DBLE,
- 2 du ¼ RTM
- 2 du 3e RTA,
- 1 du 4e RAC,
- 1 du 10e RAC.
Des militaires rapatriés sanitaires embarquent au départ de Saigon sur le navire-hôpital américain « Oregon » à destination de l’Afrique du nord.
- 75 Légionnaires,
- 15 RTA,
- 3 RTM,
- 1 Génie,
- 1 RAC.
Organisation des évacuations sanitaires vers la France par avions Globemaster américains des blessés de Diên Biên Phu. Plus de 500 blessés sont à évacuer sur la France.
5 vols de prévus : le 26 juin, le 30 juin, le 3 juillet, le 7 juillet et le 10 juillet.
2 médecins lieutenants français parlant anglais assureront le convoyage avec 2 infirmières et 2 infirmiers. Les Américains fournissent un personnel identique.
Durée maximale du transport 10 jours. 1 00 par appareils sur Globemaster jusqu’à Tokyo puis 50 par appareils sur Stratoliner jusqu’en France.
Les stationnements aux escales seront en fonction de l’état des malades : Saigon – Philippines – Tokyo – Hawaï – Etats Unis – Les Acores – Orly ou Oran.
Premier vol d’un Globemaster vers Paris-Orly : Décollage 12 h 30, embarquement à partir de 11 h 00.
La libération
Entre Aout et septembre 1954, 3 290 hommes prisonniers de Diên Biên Phu sont libérés des camps vietminh dans un état de dénuement extrême sur les 10 542 qui sont partis de la plaine, soit environ 68 % de disparus. Aucune liste réelle des disparus n’a pu être réalisée avec les « déserteurs actifs » n’étant pas comptabilisés. Un certain nombre de légionnaires allemands ont été directement rapatriés par l’URSS vers l’Allemagne de l’Est. D’autres déserteurs ont continué la formation commencée dans les camps afin de repartir dans leur pays avec un bagage révolutionnaire consistant.
Les groupes de prisonniers arrivent accompagnés de jeunes orchestre vietminh
Habillés d’uniformes vietminh neufs et du casque de latanier.
Ils sont surveillés de loin par les commissaires politiques afin qu’ils évitent des « effusions avec les colonialistes ». Ils ont été pourvus de tracts que leur état de démocrates et combattants de la paix entraîne l’obligation de diffusion de façon ostensible.
Tous les prisonniers n’ont qu’une crainte : ne pas être libérés. Les commissaires politiques les ont abreuvés de menaces depuis des semaines. Il a même fallu voter entre prisonniers qui serait libéré. La peur est là, si près du but.
Appelés par leur nom par les commissaires politiques, ils franchissent la ligne qui les séparent de la liberté. Ils n’osent rien faire… ils montent sur les LCT qui les attendent.
Le LCT quitte le bord du fleuve… Les prisonniers comprennent qu’ils sont libres et s’effondrent. Ils jettent leur casque à l’eau.
Pendant toute la guerre d’Indochine, la Croix-Rouge ne reçut jamais l’autorisation de visiter les camps et les médecins prisonniers furent, sauf de très rares exceptions, interdits de pratique, et regroupés au camp des officiers.
Les prisonniers libérés revenaient épuisés, dans un état squelettique. La plupart durent être hospitalisés et leur vision évoquait celle des retours des camps de concentration. Sur le total de 10 754 hommes prisonniers de toute l’Indochine libérés.
6 132 décharnés atteints de dysenterie amibienne ou de paludisme durent être hospitalisés pour des périodes plus ou moins longues.
Un certain nombre d’hommes ressemblent aux survivants des camps de la mort allemands de la deuxième guerre.
Comparaison entre les caps de prisonniers de guerre de la Deuxième Guerre mondiale :
- Français prisonniers de guerre dans les camps Allemands : 2 %
- Allemands prisonniers de guerre dans les camps soviétiques : 37 %
- Soviétiques prisonniers de guerre dans les camps allemands : 57,5 %
- Américains prisonniers de guerre dans les camps Japonais : 40,4 %
- Britanniques prisonniers de guerre dans les camps Japonais : 24,8%
- Français prisonniers de guerre de Diên Biên Phu dans les camps Vietminh : 72 %… à relativiser. Comptabilise comme décédés les disparus, en particulier les soldats vietnamiens des unités qui ont étés séparés des unités et convoyés vers d’autres camps de rééducation.
Des données précises manquent mais les estimations permettent d’avancer avec grande réserve les nombres de : 1 800 libérés à VIETRI, 2 700 libérés à SAMSON. Les prisonniers sont rassemblés à proximité des lieux d’embarquement, les évacuations se faisant par voies fluviales et maritimes avec les moyens de la marine nationale. Dans le cas particulier de SAMSON, les prisonniers ont fait parfois l’objet de transbordements sur des navires civils attendant au large dont le Skogum, le Skubrin et le liberty-ship Le Brest, qui avaient ramenés des prisonniers Viêts libérés en provenance d’HAÏPHONG.
La commission de contrôle est constituée par des Polonais, des Hindous et des Canadiens. Ils font preuve d’indifférence si ce n’est de mépris pour les Français. Aucun des membres de ces commissions n’a été vu visitant un lieu de rapatriement. Les Polonais, en bons communistes, se doivent de considérer les Français comme des colonialistes affectés de tous les défauts et les Hindous ont une attitude pleine d’antipathie pour le corps expéditionnaire.
Les sympathies de la commission vont au Viêt-minh.
Avant la montée à bord des bâtiments de la marine des prisonniers des représentants de l’armée avec des membres du personnel de santé sont autorisés à voir les futurs embarqués pour un inventaire et un constat d’état sanitaire afin de définir des priorités pour les soins. Ce personnel monte beaucoup de froideur dans ses rapports avec les libérables et l’accueil chaleureux des marins sur les bateaux efface le malaise causé par l’inspection à terre. Il n’existe évidemment aucune cellule de soutien psychologique. Ce soutien psychologique était de lui-même apporté par le plaisir de quitter l’enfer démocratique populaire et de penser aux bienfaits de la liberté.
Le LCT ou le LSM beaché devait attendre une bonne heure, au moins, que les pourparlers officiels soient terminés. Ce temps était mis à profit pour préparer des lits picots dans la cuve, ainsi que des médicaments, pour recevoir ces hommes souvent à bout de force et dont l’état de santé contrastait outrageusement avec celui des prisonniers Viets libérés précédemment.
Après quoi, on voyait déboucher de la paillote de droite une vingtaine d’hommes. C’était un premier groupe de Français. Avant d’embarquer, ils devaient remplir un certain nombre de formalités. Puis enfin, c’était pour eux la liberté. Après encore une vingtaine de minutes, arrivait un second groupe. Et lorsque les Viets avaient libéré entre cent et cent cinquante prisonniers de l’Union Française (chiffre très rarement atteint), ils estimaient que cela suffisait pour la journée, alors que nous avions libéré de notre côté plus de 2 000 Viets…
- 1er septembre : 9 prisonniers libérés sont évacués par le GATAC Nord vers Vietri soit Trung Ha en WJ 37-48 soit à l’hôpital Lanessan. H19 MM et MO.
- 2 septembre : 18 prisonniers évacués.
- 3 septembre : 62 prisonniers.
- 4 septembre : 59 prisonniers évacués par H19 MM, VF et VC le H19 MO en visite 50 heures.
- 5 septembre : 46 prisonniers.
- 6 septembre : 91 prisonniers.
- 7 septembre : 55 prisonniers par 9 rotations des H19 VK et VB.
- 340 évacués au total par le GATAC Nord.
- 11 septembre : 200 prisonniers sont attendus à Sam Son pour être évacués par les hélicoptères du GATAC Nord.
En 1954, à leur arrivée dans le port de débarquement (par exemple HANOÏ et HAÏPHONG pour les prisonniers du Tonkin, Than-Hoa et Nord Laos), un détachement rend les honneurs et de multiples autorités de grades parfois élevés, assure un accueil vite abrégé par le transport en véhicules sanitaires vers les hôpitaux où est effectué le tri des gens et leur envoi en hospitalisation ou en centre d’accueil ou de repos.
Il convient de citer que sur la totalité des prisonniers libérés (10 754), 6 132 durent être hospitalisés pour des durées de quelques jours, quelques semaines souvent et quelques mois parfois.
Parmi les hospitalisés, dans les premiers jours, 61 ne survécurent pas. A l’hôpital CIAIS d’HAÏPHONG les malades ont droit le lendemain ou surlendemain de l’arrivée à un passage de dames bénévoles de la Croix rouge qui se chargent de faire parvenir un message à la famille et apportent des articles de toilette. Il se peut que la sécurité militaire procède à quelques interrogatoires mais l’état-major délègue des enquêteurs de rang hiérarchique supérieur à celui qui doit être interrogé pour connaître des détails sur les conditions de capture avec parfois une indifférence choquante devant l’évocation des pertes au combat et en captivité et devant les conditions vécues dans les camps. Il y a un fossé d’incompréhension entre les anciens prisonniers et de militaires, en particulier ceux qui ont peu connu les affrontements avec les Viets.
Les libérés subissent une visite médicale et les plus valides qui ont besoins de petits soins courants et surtout d’une bonne nourriture vont vers des centres de repos comme VATCHAÏ au Tonkin ou DALAT au nord de la Cochinchine. Ceux qui n’ont que quelques jours d’hôpital ont le même sort.
Les hospitalisés, sauf évidemment ceux dont l’état nécessite des soins de longue durée se retrouvent à DALAT qui devient le point de passage obligé de tous les futurs rapatriés sauf cas exceptionnels. L’hôpital installé à côté de l’Ecole d’Enfants de Troupe reçoit des malades ayant quitté les hôpitaux du nord sans être guéris. C’est à DALAT que beaucoup réapprennent à vivre.
Petites vexation : l’intendance décompte du pécule remis aux prisonniers et de leurs arriérés de solde, le nombre de prime de repas durant leur internement dans les camps viets considérant qu’ils étaient nourris gratuitement.
Pour les volontaires qui ont effectué leur premier saut sur Diên Biên Phu, il a fallu plusieurs mois de bataille pour que leur soit accordé le droit de porter le brevet de parachutistes. Le général DE CASTRIES s’est battu pour que ces hommes soient reconnus.
