Nuit du 6 au 7 avril
19 h 00
Le PC GONO demande l’envoie de 3 chefs de char, deux canonniers de char, un pilote et un radio. La bataille dévore les équipages de chars, les artilleurs, les observateurs à un rythme incessant.
19 h 15
Le harcèlement de la position se poursuit.
Dans la soirée
Il n’y a plus d’obus éclairants pour les mortiers de 81.
Afin de préserver ses effectifs, GIAP renonce aux attaques frontales. Il leur préférera la lente progression par des boyaux que creusent des armées de coolies décimées par l’artillerie française, mais toutes renouvelées.
Renseignement : Message échangés entre poste Frontière et PC Ops Nord-Ouest permettent par interprétation de penser à fourniture armement de nouveau type Orgues de Staline. Chinois demandent pont Lao Kay actuellement 5 tonnes soit porté 15 ou 25 tonnes travaux a entreprendre immédiatement.
L’asphyxie des HUGUETTE commence, elle ne s’interrompra plus. Le répit aura été de courte durée.
Pas de largage de renforts dans la nuit.
02 h 00
Quelques mouvements suspects à l’Ouest de CLAUDINE 5 et d’HUGUETTE 5. Travaux sur ELIANE 1
Mission Photo 566 HV 372 du 07 avril 1954 – Lieutenant JAILLARD – groupe de bombardement 1/19 Gascogne.
Accalmie relative sur Diên Biên Phu. La pluie fait son apparition. Elle transforme les tranchées en bourbiers et fait s’effondrer certains abris. Les obus viets provoquent des coulées de boue aux effets dévastateurs.
Mercredi 7 avril
Matin
Stock munitions
Depuis le 31 avril le stock de munition n’a pu être recomplété pour cause de météo et de potentiel aérien. Le niveau n’a pu être remonté il a même baissé.
- 105 HM2 : 7 300, soit 2,4 UF pour 17 pièces.
- 155 HM1 : 420, soit 1 UF pour 4 pièces.
- 120 mm : 1 400, soit 0,8 UF pour 17 pièces.
Ces stocks ne permettent pas de parer la nuit prochaine une attaque du type 13 mars ou 30 mars.
Dès le lever du jour les équipes de ramassage tentent de récupérer le matériel mal parachuté dans le milieu de la nuit par 10 Packet C-119 au Sud de CLAUDINE vers Ban Co My. Un poste radio SCR 300 est récupéré.
ISABELLE : les travaux ennemis se rapprochent vers le point d’appui WIÈME, le colonel LALANDE ordonne de reboucher les tranchées. Peloton Vert + 6e Cie 2/1 RTA : Détruire une tranchée creusée à l’Ouest.
Ennemi : Div 304 régiment 57 – effectif 3 000 hommes.
2 directions : Une sur PA WIÈME l’autre à l’ouest sur ISABELLE 1 et 6.
Nettoient plusieurs centaines de mètres de tranchées, couteuse contre-attaque au corps à corps au-delà de HUGUETTE 5. Réponse de l’artillerie Viet et repli.
Le 2e BEP est envoyé en renfort : 18 officiers, un peu plus de 600 sous-officiers et légionnaires, à fort pourcentage d’autochtones. Sauter sur Diên Biên Phu, c’est aller au casse-pipe assuré. Malgré tout, aucun au 2e BEP ne refusera de franchir la porte.
Comblement de quelques tranchées dur la face Ouest de HUGUETTE.
10 h 05
Organisation parachutage du soir, mêmes conditions : 11 avions, corrigé à 6 avions — 1er avion verticale GONO 20 h 00.
10 h 50
DE CASTRIES demande à Hanoï l’autorisation de rendre au Vietminh une soixantaine de leurs blessés qui encombrent les infirmeries. Autorisation et envoie d’un message au troupes vietminh.
Demande seulement recevoir de 105 mm PDM 500 (fusants)
12 h 00
Très nombreux travailleurs observés à l’Ouest de la position centrale creusant à 200 m Ouest du brise-lame et traités par l’artillerie.
Activités sur ELIANE 1 et colline Est immédiat.
Tranchée Ouest ISABELLE en partie occupée. Reprise sensible du harcèlement sur toute la position.
14 h 00
Loc. RB 26 mission photo HV 375 3 450m
Consignes nuit : Les avions qui volent tous feux éteints doublent facilement leur temps de trajet. Les appareils doivent se présenter isolément en larguant par demi-stick. La DZ au-dessous est réduite à portion congrue et les paras sautent littéralement sur la position. Quel saut après la longue et angoissante approche ! Les traceuses filent vers le ciel. Au sol, les explosions ne cessent d’illuminer le terrain. Le fracas de la bataille remplace le silence habituel après le choc de l’ouverture des pépins. Ce saut est celui du sacrifice. Les légionnaires se doutent, autant que leur commandant, de la gravité de la situation. Le contact au sol relève de la loterie. Certains largués trop tôt ou trop tard, ou bien déportés par un coup de vent, glissant hors de la zone tenue. Ils tombent chez les Viets. Que deviennent-ils ? Les autres atterrissent dans un paysage bouleversé par l’artillerie et les travaux de défense. Les chanceux se reçoivent bien, à moins de rencontrer les barbelés, les champs de mines ou les salves d’obus. Le mieux est d’attendre le jour pour se repérer et se signaler.
Une terrible odeur de mort monte du sol. Le sergent-chef SAN MARTIN se souvient : ‘’Plus je descendais, plus l’odeur de cadavre me prenait à la gorge. Heureusement, j’avais emmené une petite fiole à boire avec les copains’’.
Sur HUGUETTE 2 une nouvelle désertion de 70 Thaïs de la 132e Cie du BT3 due la blessure du commandant d’unité. Sans chef les Thaïs ne se sentent plus liés aux français. Pour eux la guerre est une affaire très personnelle, s’ils se battaient c’était pour leur chef et non pour une abstraction comme le gouvernement de Saïgon ou la lutte contre le communisme.
Le 5e BPVN intervient rapidement pour désarmer ce qui reste de la Cie.
Les déserteurs rejoignent le Rats de la Nam Youm.
30 hommes, qui ont refusés de déserter, sont répartis dans les batteries d’artillerie.
Il ne reste plus de rations alimentaire en réserve, seulement ce qui est distribué dans chaque unité.
Avec les combats de HUGUETTE et ELIANE 1, les troupes sont autorisées à consommer les rations de réserve.